Le temps d’une gitane...
As-tu déjà fais l’amour avec un violon ?
Ederlezi. Joue pour moi, ça coule sur mon joug, ça gicle dans mes veines, ça suinte dans mon encre en fracas de velours noirs.
Ederlezi. Cri gitan et l’archet ne me fait pas forcemment du bien, ou il m’en fait, mais de l’archet je ne me délie.
Quelqu’un doit arrêter cet air que je respire, ce soupir que je pousse, ce silence entre mes mots. Mais il n’y a pas de mots sans ta musique.
J’avais perdu les larmes, je ne les voulais pas. Il y a des notes, elles inondent ma peau et sans avoir bu je les verse comme une soularde. C’est l’âme slave. Mes crispations l’avaient muselée.
Quelqu’un doit jouer cette musique pour que je respire et l’expulse en soupirs, lettre après lettre, jusqu’à écrire sans presque plus de mots, entre une pause et trois silences...
Quelqu’un doit. Pour une tzigane de cristal, avant qu’on ne la bouscule autrement et qu’on la casse sans l’avoir brisée en mille éclats de sons.
Quelqu’un doit. Parce qu’il n’y a pas de glu pour la transparence.
Ederlezi. Jeu de cristal.
Et reveiller la joueuse de mots.