J’ai traversé le grand chemin vers un crépuscule adoré
Voguant sur des flots tel un navire à la coque chargée
Glissant sur mes pas incertains avec le doute
De tomber sur le sentier de haine des humains.
J’ai perdu mes repères dans la nuit glacée, sur cette route
Où les clameurs d’Abner fusent encore au lointain !
La terre est figée fossile et la lune supplie la vie
Demain j’atteindrais l’aurore vêtu d’un simple droguet
Noir, comme des matins sans soleil surpris
Par l’eau qui monte, noyant l’étoffe de mes secrets.
Je souhaite voir au-delà des astres la lumière infinie
Comme l’onde d’une rivière trop sage dans son lit !
Je souhaite m’égarer dans des océans de glace
Faire revivre de son sang le sanglier de Méléagre
Bien loin de toutes les affligeantes traces
Déposées par des éclats aux mille palabres.
Or me voici égaré dans l’éther nuitée
Simple vagabond aux besaces chargées
D’un lourd fardeau, grand et insondable vide
Escorté par des prêtres Sassanides
Invisibles.