Un soir tu as surgi d’une eau morte de nuit,
Ta parole a fondu sur ma lèvre entrouverte
Un vent s’est engouffré dans mon absence offerte
Et soudain comme un feu a brûlé mon ennui.
Dans la blessure ouverte où sourdait ton chagrin,
J’ai enlevé le sombre à tes larmes secrètes
Pour voir couler ton âme en émotions discrètes
Avant que le soleil ne réchauffe ton sein.
Ton murmure montait au long de ma nuit blanche
Et sa chanson s’enflait, emportant le passé ;
Mon présent s’enflammait au futur de tes hanches,
Et j’ai vu à ton port l’espoir du naufragé.
Je voyais sans comprendre une île et son rivage,
Je savais sans attendre un battement de cil
Que tu étais la fleur à l’unique pistil
Qui fleurirait demain au jardin de mon âge.
La mer voulut alors sidérer cette vague,
Le feu de la colère étouffer cette flamme,
La tempête rugit, tous ceux que l’amour nargue
Voulurent séparer de force ces deux âmes.
Ils ne comprenaient pas, ô pauvres terre-à-terre
Qu’on ne sépare pas les vagues de la mer ;
Ils ne pouvaient savoir, car ne vivant plus guère,
L’amour qui s’enivrait des pleurs des jours amers
Une aube révéla un esquif salvateur
Sorti des profondeurs, tel un pic d’espérance
Et l’horizon s’ouvrit sur un bleu renaissance ;
Depuis ce matin clair, un drapeau flotte au cœur ...
Un drapeau flotte au cœur d’une mer de tendresse
Sur un bouchon d’amour aux vents venus d’Itaque
Et qu’importe le temps qui pèse et nous attaque,
La flamme brûlera sur un flot de caresses.
Plumes-soeurs