Le village s’endort.
Sous un soleil cuivré
Un vieux chat désoeuvré
Couché sous l’olivier
Ultime centenaire,
Il dort.
Le village s’éteint
Les cloches se sont tues
Et l’ombre dans les rues
De cette âme oubliée
Etale son suaire
De lin.
Le village se fend
En millier de fissures,
S’accrochent les ramures
D’une ronce mûrier
Nature débonnaire
Pourtant.
Pourtant
Près du vieux pont branlant
Sur le sol trop brûlant
Un chevalet se dresse
Bravant la sécheresse.
un homme peint
L’instant.
Il peint,
Au milieu du silence
Comme extrême insolence
Revoit chaque détail
les hommes, le bétail
il entend les chansons
des filles et garçons.
il peint.
Il peint.
A gauche sa palette
Et l’autre main s’apprête
Il joue de son pinceau
Accordant le tableau
Comme un violoniste
Il effleure, il insiste
Recréant la couleur.
Il se souvient par cœur.
Il offre une oraison.
A sa rue, sa maison.
Le village d’antan
Désert depuis longtemps
Renaît de la mémoire
D’une vieux peintre sans gloire.
Il peint.
Il peint le temps qui s’arrête.