Quand, le jour aboli et le soleil enfui,
Je me suis retourné sur l’ombre qui me suit,
J’ai vu la bouche obscure et les dents de la nuit
Qui dévoraient la plaine et le monde surpris.
Le silence, violé par le vent et la pluie
Interrogeait les cœurs pour en livrer la lie.
Il ne restait de nous, sur la terre en roulis,
Qu’un amour en épave au sabord de l’oubli.
Les pierres et les chats et les yeux étaient gris,
Comme était son visage au souvenir meurtri ;
Et mes lèvres cherchaient des lèvres pour amies...
Mais silence est un chant que le temps nous apprit.
Et puis, passé mi- nuit, tout soudain je compris
Qu’elle ne viendrait plus m’abreuver d’infini !
J’ai repris mon bâton de pèlerin de nuit.