Les pardesiaux était un hameau comme les autres. Un de ceux qui voit le jour pour s’enraciner. Sa seule particularité : la discrétion de ses habitants.
Je vois cher lecteur ta perplexité, tu t’interroges sur ma santé mentale ?
Qui est l’hurluberlu commençant cette histoire sans queue ni tête.
Pour te rassurer je vais te donner quelques éclaircissements.
Reprenons !
Les pardesiaux était l’un des hameaux accrochés à la Loire. La vie de ses habitants s’écoulait paisiblement au rythme du fleuve. Enfin, paisible au premier abord…
Rapprochons-nous…ça y est je vois les premières maisons. A priori pas de jolis toits de chaume ou de colombages. Non, non des maisons en pierre de taille bien robuste, des toits d’ardoises et de solides portes en bois.
Encore un peu…tiens un chien ! Un corniaud, trapu avec une mâchoire carré et une truffe frémissante. La couleur de son pelage ? Je te laisse le choix même rose bonbon si tu le souhaites ! (un brin de fantaisie c’est bien) le plus important c’est sa truffe ! Une truffe détectant un fumet agréable ou un garenne sortit de son terrier.
Le chien trottine jusqu’à un immense arbre au centre du hameau. Il est midi les chats sont de sortie ! (je plaisante) autour de cet arbre quelques tables sont disposés de-ci de-là. Quoi comme arbre ? Tu es bien pointilleux sur les détails je trouve…un tilleul. Et pourquoi pas un chêne tu vas me dire ? Pour te convaincre j’ai trois arguments dont un essentiel. Un tilleul c’est beau (un chêne aussi). Lorsque le début de l’été est là son parfum embaume l’endroit et apaise les maux une fois séché en tisane (et attire les abeilles). Au moins lui n’attire pas les sangliers quand vient l’automne, les seuls sabots foulant le sol sont ceux des enfants s’amusant à faire des « hélicoptères » avec ses fruits et des araignées avec ses feuilles.
Où on en était ? Ahah, je t’ai eu ! Tu t’es perdu en cours de route, pourtant on doit avoir fait au maximum sept mètres (depuis notre rencontre avec le chien). Bon promis j’arrête avec mes taquineries.
Le chien arrive donc au centre du hameau où se dresse un somptueux tilleul. La place est déserte. Personne. Pas un seul chat à faire tourner en bourrique avant sa quatrième sieste de la journée.
Il est pourtant midi ! Déçu le toutou, même pas un enfant pour quémander quelques caresses.
Tant pis le soleil est haut, le vent inexistant, la journée plutôt chaude et l’ombre du tilleul attirante. Et l’humidité dans tout ça ? Ne faudrait pas qu’il se reçoit une averse sur le museau !
Un frémissement de truffe plus tard, les conditions météorologiques se trouvant idéales, la sieste est avancée.
Tiens l’arbre a bougé, un doux courant d’air semble avoir effleuré ses feuilles.
Il frissonne.
Ses rameaux s’entrechoquent.
?
Cher lecteur tu m’inquiètes, je te croyais l’œil exercé, les neurones aux aguets !
Un arbre qui bouge sans vent ?
Un doux frémissement remonte le long de son tronc, son écorce s’étire.
Puis il sort doucement de terre, racines après racines .Timidement comme s’il sortait d’une longue torpeur.
Des oiseaux dérangés par ces oscillations, quittent leurs nids pour se poser plus loin.
Le chien réveillé en plein rêve (où il était question d’une course après les lapins) ouvre un œil puis pose sa tête sur ses pattes. Y a pas de quoi fouetter un chat après tout c’est qu’un arbre.