Ils m’ont dépendu. Y’avait le gros Marcel et puis Fernand tout excité et Sylvie qui pleurait, qui criait que Marcel lui marchait sur les pieds. Ils m’ont dépendu, ont enlevé ce triste collier, m’ont assis sur une chaise devant la petite table en bois à côté du lit. Marcel examinait la vieille poutre à moitié vermoulue, la corde, la poutre.
Putain, c’est qu’elle est encore solide la salope.
Fernand était descendu chercher un remontant, il m’a dit qu’avec ça j’allais voir la vie en rose. J’ai bien failli m’étrangler, c’est descendu d’un coup, ça m’a brûlé tout l’intérieur.
Sylvie m’a demandé
Pourquoi ?
M’a dit que la vie était belle, que j’avais des copains…
Je lui ai répondu que j’savais pas, que ma femme était partie, que les gosses se foutaient pas mal de moi, que j’avais plus de boulot.
On est là qu’elle a dit ; J’ai cherché encore pourquoi, que j’étais fauché, plus de blé, des ardoises à n’en plus finir, les huissiers comme seuls visiteurs. Elle a dit, oui, je comprends mais il faut te ressaisir.
Marcel s’est levé, il a dit qu’il avait du boulot, qu’il ne pouvait pas rester plus longtemps. Sylvie a essuyé ses yeux, je sentais qu’elle voulait dire un truc mais quoi… Elle m’a fait la bise, m’a dit de prendre soin de moi et puis elle est sortie en criant à Marcel de l’attendre. Fernand ce brave Fernand m’a filé un billet ; Il m’a dit comme ça, qu’ils en avaient des solides en nylon à la droguerie du coin.