Je suis là -assis- à contempler le ciel et la mer.
Seul.
Personne sur l’immensité de cette plage rocaille.
Au loin, l’horizon laisse deviner la rotondité de la Terre.
Je suis bien.
Mon regard alterne de la plus lointaine des visions à la plus proche.
De l’immensité tyrrhénienne au grain de sable blond.
Tout semble figé ; excepté l’écho de la vague mourante qui roule comme pour implorer un sursis avant d’être bue par des lèvres de sable étalées.
Seul repère vertical :
Un pin parasol en équilibre sur la crique, avec son tronc tors et sa tête dégarnie qu’il brandit comme de valeureux étendards défiant l’horizon !
Des rais de soleil épars glissent au travers de ses maigres épines agitées au vent de mer et me renvoient des myriades de reflets mutins. Je les regarde au travers de lunettes dont le verre jaune en accentue l’or. Ces reflets sont autant de feux follets qui dansent et jouent de manière désordonnée pour taquiner mes pupilles et enchanter mon cœur…
Et ces rayons d’azur se mêlent, s’enlacent, s’enroulent, s’évitent pour se confondre à nouveau et me chatouiller de leur douce chaleur.
Maintenant le soleil écrase de torpeur la plage et la mer et le pin esseulé à l’ombrage précaire ; et le maquis lointain et moi et tout...
Oui, ô éphémère bonheur ! je palpite de tout voir, de tout entendre :
la lumière vibrante et cristalline, la respiration large, égale et sereine des flots ;
et sous l’astre radieux, la mer qui frissonne à perte de vue comme une moire d’azur et d’argent…
Oui, ô paradoxale harmonie ! Je palpite de vivre les félicités et les craintes :
le jour, la nuit, le soleil, l’ombre, mes joies, mes peines, ce qui s’oppose, ce qui s’attire, ce qui est complémentaire, ce qui est différent ou nécessaire ou superflu...
…Et tout ce temps qui fuit et me recouvre encore de son linceul !
Noël F.
Tours.