Il y a bien longtemps
que je voulais t’écrire ;
les mots me manquent depuis quelques moments,
et même l’écho des vents,
mistral, bise ou zéphir,
ne put me souffler le vocable manquant.
Et cette page blanche
demeura silencieuse,
elle qui, à l’habitude était bavarde.
Avec ses phrases franches,
elle était malicieuse,
mais, d’incertitudes, sa voix se farde.
J’ai un trou noir à ma page blanche.
Trous de mémoire ; les idées qui flanchent.
mon royaume contre un dictionnaire,
juste quelques mots pour quelques vers.
Elle aimait s’habiller,
se parer, se faire belle
de quelques mots choisis, du fond de l’âme.
Elle aimait s’inviter
au détour d’une querelle,
sans aucun parti pris au rire, au drame.
Même son amie la plume
ne sut la divertir ;
lui rendre la parole de son apogée.
Du sommeil de l’enclume,
se laissa envahir
et elle mit un bémol à son phrasé.
J’ai un trou noir à ma page blanche.
Trous de mémoire ; les idées qui flanchent.
mon royaume contre un dictionnaire,
juste quelques mots pour quelques vers.
Quelques petits carreaux
n’y changèrent rien du tout,
le bleu des lignes n’atténua son mutisme.
Plus un son, plus un mot ;
ce silemce me rend fou !
Faut-il que j’la résigne à l’illétrisme ?
Je laissais ma page blanche
à quelques idées noires ;
pas grand chose à penser, plus rien à dire.
A mon salut, nulle planche ;
aucune échapatoire.
Mon encre a séché, je n’peux plus t’écrire.
J’ai un trou noir à ma page blanche.
Trous de mémoire ; les idées qui flanchent.
mon royaume contre un dictionnaire,
juste quelques mots pour quelques vers.