Navré de vous interpeler de la sorte ;
mais, le crépuscule est à ma porte.
Ne me faites pas un drame
de cette audace, cette certitude.
Il n’est pas dans mes habitudes
d’hêler ainsi une jolie femme.
Voici un audacieux défi
que je relève ; engaillardi,
malgré des années solitaires
puisque, n’ayant jamais trouvé
celle qui aurait su partager ;
par votre présence involontaire.
Assis à la médiocre terrasse
sur laquelle mes années rêvassent,
vous passâtes soudain devant moi ;
fraîche, légère et insouciante,
et, comme à ses heures les plus riantes,
mon cœur en frissonna d’émoi.
Pour une silhouette si fluide
et, malgré les sillons de leurs rides,
mes yeux ne purent se détacher
de cette vision si angélique ;
à la fois vibrante et pudique,
qui ensoleilla ma maigre journée.
Il me fallut bien des courages
et, vaincre la peur d’un naufrage
pour oser suivre votre jeunesse ;
moi, le résidu d’une autre époque,
dont Cupidon, soudain, se moque
en me donnant tant de hardiesse.
Alors, me voilà devant vous ;
un peu rêveur et un peu fou.
Cette vie si courte nous démontre
au fil de ses nombreux hasards ;
de ses terrasses, ou quais de gare
qu’il faut savourer une rencontre.