Ce matin là, quand Mary boucla sa valise, elle savait que son voyage était ce qu’il y avait de plus important, à ce moment précis, au carrefour de sa vie, tout allait se jouer, dans quelques heures.
Elle ne savait pas trop où ses pas la dirigeraient, elle ferait confiance à son instinct, son sixième sens…
A la descente de l’avion, une douce chaleur lui caressa le visage, les premiers mimosas agrémentaient la luminosité d’une touche dorée, unique dans cette région de France si chère à son cœur.
Elle déposa ses bagages à l’hôtel, prit une douche, mit un jean, un chemisier rouge ouvert sur un bustier de dentelle noire, elle accrocha à son cou un cœur rouge… celui qui lui portait toujours bonheur aux moments graves de sa vie chaussa des escarpins à petits talons… elle aurait à marcher certainement plus qu’elle ne le croyait… Elle alla en premier sur la plage, pieds nus, une écume douce lui léchait les jambes, elle fixa l’horizon, un instant, aussi loin qu’elle le put… elle devait retrouver son calme, faire le vide pour s’interroger avec circonspection quand à l’attitude à avoir.
Elle devait le retrouver, bientôt… Il était là, elle le sentait tout proche, ils ne s’étaient plus rien dit, depuis quelques temps, il arrive que les mots deviennent inutiles, transparents et pourtant si évidents.
Elle parcourut les rues piétonnes, grouillant de monde à cette heure douce et tiède de journée de printemps, elle repéra les petites rues dans lesquelles elles s’engouffraient sans hésitation, faisant confiance à ses pas qui l’amèneraient sans aucun doute, là où elle le retrouverait.
Soudain elle s’arrêta devant un bar pub, happy hour jusqu’à 20h… des tentures rouges cachaient l’intérieur, une légère lumière filtrait entre les pans des rideaux, elle hésita, un peu… longtemps peut-être, puis elle sut que c’était là, qu’il était là… une conviction inébranlable.
Elle poussa la porte de bois et de cuivre, musique et brouhaha feutré, l’agressèrent gentiment, elle pensa que finalement ce n’était pas plus mal, cela la déconcentrerait de ces maudits battements de cœur, qui tambourinaient dans ses tempes… Ses yeux, s’habituèrent peu à peu à cette demi-obscurité, d’un pas sûr elle se dirigea vers le bar, il était là, lui tournant le dos, il paraissait fatigué, songeur mais calme…
« c’est moi… »
Il ne se retourna pas…
« c’est moi » répéta-t-elle
« Vous désirez ? lui lança le serveur
Son regard alla du barman au siège qui était devant elle, il était vide, désespérément vide…
Elle se réveilla… en pleurant, la réalité lui apparut, cruelle et inéluctable. C’est à ce moment précis qu’elle comprit que quelque chose de terrible et d’imprévu avait changé le cours de leur histoire. Il n’y avait plus de magie, depuis ce jour, qu’elle aurait tant voulu pouvoir effacer, ni elle, ni lui ne méritait ça. Elle trouvait cela injuste…
Juste une erreur d’aiguillage… C’était fini, tout simplement, pour une bêtise, une faute d’inattention…
Cassandre Danton – 27/04/09