Le soir est tombé sur le petit village de Maximin-le-Petit. Lisette assise dans son rocking-chair écoute la radio, ses mains occupées à tricoter une couverture pour les soldats au front. Un petit coup fappé doucement à la porte... Lisette ouvre...
- Voyons, ce n’est pas prudent de sortir ainsi le soir, l’ennemi est proche.
- Je sais mais je peux plus tenir, ainsi enfermée chez moi. Mon totor me manque.
- Tu n’as pas encore de nouvelles de lui ...
- Non, ah ! Mon pauvre Totor, si gentil, si brave , obligé d’faire la guerre.
- Je sais mais il ne pouvait pas faire autrement. En attendant, tu devrais repartir chez toi.
- Je n’ peux plus d’ la solitude, tu n’ pourrais pas ce souair me garder chez touai ?
- Pour une fois, pourquoi pas mais n’en abuse pas...
- Merci... Mais dis mouai, que fais tu ? Et qu’est-ce que j’entends ? De la musique ?
- Oui de la musique, elle sort de cet appareil... là. Il y a une nouvelle émission, tu veux écouter ?
- Bien sûr que je l’ veux mais c’est quouai ?
- Je ne sais pas de trop, je ne comprends pas mais je pense que c’est pour nos hommes. Attends, je mets le son un peu plus haut.
Lisette tourne le bouton, un présentateur donne les dernières nouvelles, puis après une étange musique, sort quelques phrases.
"Ramassez vos poules, les coqs sont de sortie, je répète : ramassez vos poules les coqs sont de sortie..."
- ben, mes poules, je les rentre tous les soiairs et pis à c’t’heure, elles dorment. l’coq y peut rien faire.
- Chut ! C’est une émission pour les résistants.
- Que résistants ? Che nous, y a point d’ces gens.
- Plus bas s’il te plaît, tu nous mets en danger...
la voix du présentateur...
"La lune est pleine mais on ne sait pas qui l’a remplie, je répète, la lune est pleine mais on ne sait pas qui l’a remplie"
- Ah le saligot ! Y va m’entendre chanter.
- Pourquoi te fâches-tu Marie ?
- Ah ! I’ ne savent pas ? Ben, moi j’ sais qui la remplie la lune et crais ben, que je vais lui dire c’que je pense à c’saligot. I’m fais croiaire qu’il est à la guerre pour vouair les lunes. Ah j’t’y vais l’prendre moais aller engrosser les cocottes !
- Calme toi ce n’est pas de Totor qu’il parle, le monsieur du poste.
Marie est de plus en colère :
- J’te dis qu’cest de mon Totor qu’il cause mais il n’a point intérêt de s’ramener le totor, j’li fais la pieau. Il n’va plus lui rester grand chose de ses bijoux... Aaaaa ! I’m trompe, y vais voiair.
- Marie, je t’en prie, tais-toi, arrête toi de crier... On va se faire prendre....
Des coups sont frappés vigoureusement à la porte : "Ouvrez cette porte s’il vous plaît"
Lisette inquiète, éteinds, la radio, referme l’armoire puis ouvre la porte, des soldats entrent :
- Que se passe-t-il ici ?
- Rien, mon amie est en colère contre son mari qui la trompe
- Ah ! Toi aussi tu savais, pourquouais t’m’as rien dit, Ah ! La traitresse...
- Pas grâve Madame, vous, plus vous occuper du mari, moi peux vous rendre heureuse...
- Ah ! Non alors, vous déguerpir sinon moi vous donner coup de balai... Tous des cochons...