Assise dans un fauteuil devant la télévision mes os craquent en ce quatorze juillet deux mille quarante cinq, c’est que je ne me fais plus toute jeune si je l’ai été un jour. Ma famille a disparu depuis des siècles absorbée par la vie et les soucis, elle ne vient même plus me voir. Quelques amis sont restés, oh ! pas beaucoup mais si présents. Aujourd’hui, ils sont dans leur famille fêter le 14 juillet, fête de la révolution , ouais tu parles, rien n’a changé...
Liberté, égalité, fraternité disait le peuple à cette époque, utopie totale sur tous les sujets. Où est la liberté lorsqu’on est traqué par des caméras à tous les coins de rues ? Tout est disséqué, analysé, répertorié dans des machines pour nous les ressortir en vrac au moment importun. Le droit de paroles est bafoué, on tue encore pour dire nos opinions ; eh oui, depuis qu’un certain président a pris le pouvoir, il y a bien longtemps. c’était au début des années deux mille, je crois. Il a mis à genoux, les médias, internet et tous ceux qui osaient s’élever contre lui. A cette époque, je me battais pour la culture pour tous dans une association. Lors d’une réunion, j’ai dit ce que je pensais de la politique. Sur le coup personne n’a rien dit mais quelques jours plus tard, je me suis retrouvée devant un juge et une semaine en prison, on m’avait dénoncé. J’aurai pu à la sortie ne plus rien dire mais non ... La suite a été de plus en plus dur... C’est fou ce qu’il y a de prisons, cela pousse plus vite que les écoles ces petites bêtes...
Utopie aussi qu’ est l’égalité entre tous,on naît déjà avec des différences et cela continue à s’accroître fortement. Les riches deviennent de plus en plus riches et on voit de plus en plus de gens à la rue se battant pour un morceau de pain qu’ils n’auront pas car la fraternité telle qu’elle existait, est morte, enterrée. Les gens passent sans un regard, sans un sourire, rien. Plus personne n’existe enfin presque car moi j’ai un peu de chance sur ce coup. Lorsque je me suis levée pour parler, des personnes se sont jointes à moi . Ensemble on bâtissait des liens sur internet dans un atelier d’écriture . Nos textes étaient truffés de messages. On a eu pas mal de disparus comme en Argentine, Chine, Russie et d’autres encore mais ceux qui sont restés ont dans le cœur la bonne définition de la fraternité. C’est loin tout ça, je suis devenue cette petite vieille qui mate le défilé militaire à la télé. Faut pas croire que je suis pour l’armée, loin de là mais j’ai toujours eu le bagout pour tous ces hommes en uniforme qui défilent à pied. Et là encore à plus de quatre vingt dix ans, je suis là en rêvant d’un beau légionnaire venu nous sauver de tous ces jougs de politiques imbéciles ... Une derrière chose, le président a eu la « tête » coupée mais les suivants ont continué sa politique tant décriée. Liberté, égalité, fraternité disaient les révolutionnaires de mille sept cent quatre vingt neuf maintenant c’est chacun pour soi et »Dieu » pour tous, enfin s’il existe celui là car je ne l’ai jamais vu faire des miracles