Quand l’histoire bégaie il faut la raccourcir.
Nicolas le Petit se voulait un empire,
Et pour tout commencer devenir Président.
Ah ! Quel heureux présage, quand il était enfant,
Une étoile puinée se mettait à l’ouvrage
Et dans un ouragan lui frayait un passage.
Le grand Charles parti, Maître Jacques prit l’affaire,
D’une droite étriquée qu’il voulait populaire,
Et se livra bien vite aux pires débordements.
Badinguet * grandisait, sous l’aile du « géant ».
Rusé, malin, roublard, il savait bien y faire,
Déployant de faux charmes et de fausses manières.
Il savait parfaitement rendre tous les services,
Fourbissant aussitôt ses futurs sévices.
Par manipulations sa carrière florissait.
De sa puissance éclose les bourgeois frémissaient.
L’élire ou même le suivre, les menait à l’ivresse,
L’argent coulait à flots, augmentant les bassesses.
Réélu malgré tout contre l’ignominie,
Mal en point Maître Jacques, proche de l’agonie,
En fit un court ministre occupé des agents.
Mais ministre ce n’est rien, il faut être Président,
S’asseoir tout en haut, en attendant le trône.
Il usa de la force pour règner sur la faune.
Intransigeant, douteux, féroce et vulgaire,
Il s’arrangea bien vite pour rendre bouc émissaire,
Les putes, les étrangers, des malheurs des gens.
Soutenu par le fric et le petit écran,
Badinguet promettait le bonheur éternel,
Aux blancs, aux bien nantis, aux riches naturels.
Bien entendu, c’est vrai, je le sais, oui, j’abuse.
Sa violence des mots n’est qu’une putasse ruse.
Kärcher, racaille, voyou sont des produits d’appel.
Pour atteindre le pinacle où son destin l’appelle,
Il réjouit les bourgeois et maltraite les petits,
Promet aux uns bombance, aux autres l’appétit.
Je ne sais si demain il sera le premier,
Si la France deviendra un état policier,
Mais je ne voterai pas pour ce bien triste sire.
Je veux pour mon pays, la concorde, pas le pire.
"Les copains, les coquins" **, se remplissant les poches,
Surplombant une misère, désespérante et moche.
Je ne le suivrai pas, si cher qu’il m’en coûte,
Je prendrais le maquis, il n’y a pas de doute,
Je serai résistant dans une vie sans confort.
Badinguet le premier a disparu, est mort.
Pourquoi ressurciter son empire démago
Avec Badinguet II ? Je dirai comme Hugo :
Si l’on n’est plus que mille, eh bien, j’en suis ! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ;
S’il en demeure dix, je serai le dixième ;
Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là !
Notes :
* Badinguet était le surnom donné à Napoléon III par ses opposants, celui-ci, pour fuir, ayant probablement emprunté les habits et papiers du dénommé Badinguet, ouvrier de son état, à moins que badinguet ne soit un mot populaire de l’époque pour dire "plaisantin"
** Expression de François Mitterrand qui, si ma mémoire est bonne, désignait ainsi le gouvernement Chirac entre 1986 et 1988