La fillette au visage sale mais au regard tellement clair, interroge sa mère.
- Maman, pourquoi notre grand sage ne sort plus de sa tente depuis plusieurs jours ?
- C’est qu’il est gravement malade tu sais ma petite..
Alors Chaïva se lève et marche jusqu’au rivage. Le grand océan respire à ses pieds de sac et de ressac. Le soleil voilé miroite péniblement dans l’eau maculée. Elle ramasse quelques oursins qu’elle brise sur le rocher pour en extraire les saveurs marines et ses yeux se perdent au loin dans ce ciel, dans cette mer sans fin, sans homme, sans oiseau. Le vent froid souffle sur son visage et les mèches de ses cheveux s’emprisonnent dans sa bouche. Mais il entraîne aussi, parfois, la roche usée et un petit caillou frappe sa joue obligeant la fillette à crier de douleur.
Une goutte de sang perle sur son visage.
Alors inquiète, elle court jusqu’au bivouac.
-Maman, Maman, est ce que le grand sage va mourir ?
-Je ne peux te répondre mon enfant car nul ici n’est capable de le soigner
-Combien sommes-nous encore ?
-Il ne reste plus que dix-sept âmes dans notre tribu, Chaïva
-Et après nous qu’y aura t’il sur notre planète Mer ?
-Rien, plus rien, plus que de la roche et de l’eau, c’est tout...
-C’est vrai Maman qu’autrefois les hommes appelaient notre planète Terre et cet endroit l’Everest ?
-Oui, Chaïva, c’est vrai, c’est vrai, mais c’est si loin maintenant...