De la pointe de mon crayon, je trace une lettre entourée de deux ailes, je pense à vous, ange noir dont la voix enveloppe mon cœur d’une écharpe de soie. Vos doigts sur le clavier, la tête renversée vous me contez les joies et les peines qui furent vôtres.
D’un père abusif à une mère qui s’est tue, vous livrez vos souffrances et vos espérances s’écoulent au rythme lent des larmes tièdes traçant quelques sillons au creux de mon visage.
Tout me ramène à vous, la pluie qui s’écrase sur les vitres m’emportent vers Nantes et un crissement de pneus sur les graviers me font penser que Pierre est de retour. Sur un grand piano couleur de nuit, avec au cœur tant de douceur vos yeux de braises se ferment en un sanglot et l’éclat de vos mots transperce mon âme offerte.
Je n’ai jamais croisé votre route et pourtant vous me manquez comme me manquerait un être cher.
J’aurais voulu échanger avec vous un sourire, un regard avant que l’aigle noir se penche vers vous et vous emporte à tout jamais loin des maux que vous portiez en vous comme une plaie de passion et d’amour.
De la pointe de mon crayon je trace une lettre entourée de deux ailes...