C’est de l’Art, Rose, de l’Art. Et tu n’y comprends rien, serais-tu stupide, Rose ! La pauvre femme, prostrée, s’est réfugiée dans un angle de la pièce, elle est couverte de bleus, il la bat.
Quelque soit son humeur il s’acharne sur elle. Plus elle lui résiste plus elle prend des coups. Comment a-t-elle pu tomber dans les griffes de ce monstre. Elle se rappelle l’avoir aimé, c’était il y a si longtemps. Jeune et insouciante, elle avait succombé à son charme. Lui, grand, de belle prestance, était son professeur à l’école des beaux arts. Il lui avait écrit, une lettre fort bien tournée. Il lui trouvait du talent et lui proposait des cours particuliers pour l’aider à progresser. La lettre se terminait par une formule qui l’avait enchantée. Veuillez agréer, Mademoiselle, l’expression de mes profonds sentiments.
Les cours particuliers avaient rapidement pris une allure de course folle autour du mobilier de l’atelier de l’artiste. Puis, sans doute lassé par la belle, peut-être aussi pour se venger de l’arthrose qui le faisait souffrir, il s’était mis à la battre. Au début, de simples claques, puis des pains, comme dans les films de gangsters, sauf que là, elle les sentait passer les pains. Un jour il lui demanda un dictionnaire et la frappa à l’estomac avec le dico, mais c’était moins efficace que l’annuaire des flics, alors il avait préféré la batte, au dictionnaire.
Aujourd’hui, c’est plus sérieux, il tient un couteau de cuisine à la main et son regard ne laisse aucun doute à la pauvre Rose abattue.
Tout à coup elle se met à crier :
On est en décembre. C’est le 2, aujourd’hui
Il la regarde presque amusé,
Et alors !
Tu nous joue la scène de novembre... Tu aurais déjà du poster ton texte.
Il pâlit. Il semble se décomposer, se liquéfier
Tu es sûr ?
Evidemment, regarde, je n’ai plus de bleus, je suis en pleine forme, je n’ai plus peur.
C’est vrai ! Qu’est-ce que je vais devenir ?
Ca mon bonhomme, il fallait y penser avant.
Elle se lève prestement et lui prend le couteau des mains.
Tu verras avec le Webmaster. Ajoute-t-elle en se retournant pour quitter la pièce.
Oh non ! Pas le Webmaster !
Il s’effondre à genoux.
Je t’en prie, ne me laisse pas affronter le Webmaster
Elle revient vers lui et le contemple avec une certaine pitié.
Tu as placé tous les mots, au moins.
Oui, je crois il me manque juste potiron
Non potiron ce n’est pas nécessaire, que veux-tu que je fasse ?
Je ne sais pas ! Mais ne me laisse pas affronter le Webmaster.
Elle s’agenouille devant lui et lui prend la tête entre les mains.
Tu fais moins le malin, maintenant. Quand je pense qu’à deux jours près, tu aurais pu me saigner pour la bonne cause. T’es vraiment con.
D’un geste sec, elle lui brise les vertèbres. Comme dans les films chinois à deux balles. Puis, à l’aide du couteau, elle s’applique à détacher le chef du reste du corps sans vie. Mieux que dans les films chinois mais pas évident.
Elle emballe la tête, laissant au sol un corps encore chaud, d’où s’échappent quelques flots d’un liquide visqueux.
Voilà ! Le Webmaster sera content. On lui devait bien ça ! Vu le retard.
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De l’art, à en perdre la tête.
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Ben oui, c’est pour le mois de novembre. Je sais, je suis en retard.
Bon ben, je crois que tous les mots y sont. Ca m’a causé des maux mais moins qu’à eux.