Eloïse fait irruption dans le bureau du commissaire Georges. C’est une manie chez elle ; à l’école de police on lui a appris à frapper mais pas sur les portes.
Georges mon pote, je me casse.
Georges est pour le moins interloqué. Bien qu’habitué aux écarts de langage d’Eloïse, il est présentement passablement choqué.
Dites-donc inspecteur Eloïse, qui vous permet de vous adresser à moi sur ce ton ?
Commissaire pas inspecteur, j’ai été promue tantôt. J’ai joué du piston.
Décidément Eloïse nous ne sommes pas de la même école. Je vous croyez partie pour les folies bergère.
Ils n’ont pas voulu de moi, je suis trop… intelligente. Bref Georges, nous sommes dorénavant concurrents et je compte bien vous montrer ma supériorité. L’intuition féminine prévaudra, j’en suis persuadée. Adieu Georges ou plutôt, à très bientôt.
Eloïse bien campée dans son nouveau bureau, rose fuchsia se fait les ongles. C’est ainsi qu’elle travaille, une activité physique doit toujours accompagner une activité cérébrale et vice versa. Quand elle castagne elle sifflote, quand elle interroge, là c’est différent puisque les deux activités sont traditionnellement réunies.
La dernière enquête de Georges piétine. Mais elle a un point commun avec ce commissaire un brin demeuré. Tout comme lui, elle est persuadée que Bernard Webmaster est coupable.
Bon tout d’abord il faut un nom de code à cette opération, une opération de charme, ce sera Roméo. Il lui faut une voiture banalisée, non je n’ai pas dit banale, j’ai dit banalisée. Ce sera une Alpha Roméo, comme ça elle ne risque pas d’oublier le nom de son opération. Elle a loué une chambre sous les toits en face de la résidence de Bernard Webmaster, la surveillance n’en sera que plus aisée, d’autant qu’elle a fait l’acquisition d’un télescope d’un beau gris assorti à celui des caméras qu’elle a disposées subtilement. La voici prête à déclarer la guerre à Bernard et accessoirement à Georges, ce charlatan, ce commissaire d’opérette. Elle va lui montrer que les blondes sont moins blondes qu’il n’y parait ou quelque chose comme ça… De toute façon, elle n’est pas concernée, elle est rousse.
Dans son bureau elle a placardé : « Mousseron d’avril mousseron gentil, mousseron de mai mousseron mauvais ». Elle est persuadée qu’un code s’y cache et elle saura le trouver.
Elle va infiltrer l’ennemi, se faire passer par une touriste en mal de champignons, de mousserons plus précisément. Usant de son charme elle saura appâter le criminel et le placer dans une situation telle qu’il lui sera aisé, à elle, Commissaire Eloïse, de prouver sa culpabilité à lui Bernard Webmaster et de le coffrer. Voilà c’est tout simple, il suffisait d’y penser.
Ce soir, elle s’envole vers son nouveau nid avec son manuel : « L’infiltration facile » en trois volumes.