Halllucinogène

  Nous nous coucherons sous les mousserons
  Sur.
  Comment, sur ? Vous en êtes certain ?
  Sur les mousserons. Le mousseron est un petit champignon, il vous serait fort difficile de vous coucher dessous, sauf à être une limace.
  Ah mais dites moi, qui est le mycologue ici, vous ou moi ? Ne seriez vous pas plutôt charlatan que psychologue ?
  C’est qu’un psy ça en sait sur les psychotropes, et vos mousserons ne sont pas des psilocybes.
  Alors, monsieur le je-sais-tout, ôtez-moi d’un doute qui me ronge comme une limace dans mon pied de cèpe, connaissez vous ce dicton : « Mousseron d’avril mousseron gentil, mousseron de mai mousseron mauvais » ?
  Sans doute confond-on le petit gris, champignon de mai hautement toxique, avec le mousseron d’avril qui lui ressemble comme un fil ?
  Vous n’y êtes pas, j’avoue que j’ai trop souvent du mal à le placer, ce dicton, j’en suis l’auteur.
  Vous écrivez donc ?
  Oh, si peu. Je me suis aménagé une chambre mansardée, sous le toit, en cellule d’écriture. Une manie, en somme. Genre Saint-Exupéry, vous voyez ?
  Je vois. Puis-je vous faire une confidence ?
  … ???
  Quoiqu’étant psy, je suis cependant parano.
  Paranormal ? Vous lisez dans le cristal ?
  Non, non, parano, délires de persécution, je suis en guerre permanente contre le monde entier.
  Ah. Rien de paranormal, j’avais mal entendu, dommage. Et alors ?
  J’ai moi aussi aménagé une chambre mansardée, mais plutôt genre forteresse. Vous aimeriez visiter ?
  Là, maintenant ?
  Pourquoi pas, vous êtes mon dernier client.
  C’est que je n’ai pas de voiture, je suis venu à pied.
  J’ai l’Alfa Roméo de ma femme jusqu’à ce soir. Je vous amène.
  Waouh ! en Alfa ?
  Je vous préviens, vous allez vous envoler.