L’automne étale son voile de mariée sur la campagne qui s’éveille à peine. Aucun bruit, aucun frémissement, aucun gémissement ! Les arbres, les arbustes n’osent ébrouer leur verdure par crainte de déchirer cette gaze doucereuse.
Le temps semble suspendu. Je retiens ma respiration et, pourtant, ma poitrine se soulève à chacune de mes pensées qui s’envole vers vous, vous qui vous agitez dans les rues bruyantes de cette ville au gigantisme exacerbé.
Vous êtes si loin de moi. Je sais ce voyage indispensable et même, dirais-je, que les tentations auxquelles vous pourriez être soumis m’effraient bien moins que celle que vous côtoyez dans vos jours d’habitude ; elle est bien plus dangereuse à mes yeux que ces papillons de nuit qui s’agglutinent sous les réverbères aux lèvres fardées et à l’anatomie offerte aux yeux des passants perdus dans les méandres de leurs désirs où l’Amour n’a plus sa place, où le cœur est vide de sentiments, de ces sentiments que j’éprouve pour vous, ceux qui font briller les yeux quand le regard s’aligne sur le fil de l’horizon, ceux qui me font mordre ma lèvre inférieure lorsque je nous imagine, rêveurs, sous la lune câline ou blottis dans les bras l’un de l’autre ondulant au rythme des flammes dansant dans l’âtre.
Le soleil, délicatement, déshabille la nature de son écharpe vaporeuse et, bientôt, se jouera un spectacle de lumières…. Les fleurs écarteront leurs sépales pour recevoir les brillances sur leur velours bercé par l’amour nocturne tandis que les larmes enlaçant les ramures telles des opales sertissant un collier glisseront et s’enfouiront dans le sol nourricier.
Je profite de ces fabuleux instants pour m’éclipser sur la pointe des pieds sans, au préalable, vous dire combien l’amour qui m’unit à vous suscite des émotions similaires à celles décrites plus avant.
Je vous aime, mon tendre ami, mon doux amour.