Oui, au risque de vous choquer,
J’ai décidé de mourir jeune.
J’entends des voix qui s’élèvent
Pour me dire qu’il est déjà tard.
Mais qu’en savent-elles ? Qu’elles se taisent !
Je ne veux pas mourir vieux, malade, impotent, dépendant, décadent.
Je ne veux pas perdre la tête, ne plus reconnaître personne.
Je ne veux pas être une charge, un boulet que l’on traîne
Je ne veux pas que les regards gênés se détournent
Je ne veux pas que les voix se taisent,
Je ne veux pas que l’on parle fort me croyant sourd
Je veux mourir jeune.
Mais, rassurez-vous, je ne suis pas pressé. Je veux tout simplement rester jeune longtemps.
Tout le temps qu’il faudra pour me rassasier de la vie.
Pour en visiter tous les recoins, pour tout connaître pour être lassé de tout.
Pas dégoûté, non, lassé, c’est tout.
Quand, je connaitrai la vie par cœur, il sera bien temps d’aller visiter la mort. J’aurai alors l’éternité pour la découvrir. C’est quoi au fait l’éternité ?
J’aurai alors cent vingt ans, peut-être un peu moins, peut-être un peu plus.
Si la mort par inadvertance frappe un peu trop tôt, je prendrai l’air fâché mais, finalement, très philosophe, je conclurai que ce que je n’ai pas connu de la vie ne valait sans doute pas la peine d’être vécu. Il ne s’agirait tout de même pas que la mort ait l’impression d’avoir gagné la partie.
Bref, je partirai comme on part en voyage, vers l’inconnu, sans bagage.
Mais j’ai le temps d’y penser, tout le temps. C’est quoi le temps au fait ?