Nada

Ô gente damoiselle ! Venez de la pluie vous abriter sous ce porche, là, contre moi.
Quoi mon regard lubrique ? Que nenni.
De rage il écrase son mégot et se lance sur les pas de la belle qui presse le sien.
Donnez-moi ce cabas, je serais bien aise de vous soulager d’un tel fardeau.
La pauvrette apeurée par l’empressement du grand escogriffe, d’un revers de la main, lui cloue le bec, le laissant bras ballants et joue cramoisie.
L’Albert, car c’est son nom, sort de sa poche un calepin, décroche le petit crayon coincé dans la reliure, tourne quelque pages et écrit : « le-çon 18 virgule comment aborder une fille point d’interrogation. »
Il referme le petit calepin et entame une chanson pour se redonner du courage : « Ah ! ça ira, ça ira… ». Il se met à courir mais la belle s’est fondue dans la foule. Albert, penaud, s’arrête, ressort son petit carnet et écrit : « Bilan de la journée : nada. Demain il faudra faire preuve de plus d’astuce. »