Alors que la nature se teintait d’ocres et de rouges et que dans la forêt le cerf lançait ses premiers brames dans la brume matinale, le vieil homme courbé par le poids de l’âge s’assit sur un banc. C’était sans doute le patriarche d’une longue lignée d’hommes valeureux. Il en avait fait des choses dans sa vie et ses yeux pétillaient encore de cette fierté qu’ont les vieillards parfois lorsque la tâche de leur existence a été bien menée.
Certes c’était avec un peu de tristesse qu’il regardait l’automne poindre en ce vingt et un septembre, et dans les volutes de fumée aux arômes épicées qui s ‘échappaient de sa pipe, il devina son funeste destin.
Tout en se levant pour regagner la demeure, il rangea délicatement l’objet dans la blague à tabac puis il caressa du revers de la main les quelques fleurs encore bien écloses qui bordaient l’allée du parc.
Sa maison n’était plus le grand château qui se dressait fièrement en bout de la promenade mais cette petite cabane coincée entre l’enceinte et un gros chêne plus que centenaire. Le manoir, il venait de le vendre au nouveau maître des lieux.
Dans la chaumine, le bois craquait de toute sa souffrance dans l’âtre de la cheminée et une femme encore jeune était assise tout près des flammes.
Il sourit. Il savait que dans le ventre de la belle attendait le quatrième du nom, celui qui naîtrait l’an prochain encore prisonnier entre le futur et le passé et que la vie suspendait dans l’éther maternelle.
Alors le vieillard s’allongea sur la paillasse qui lui servait de lit. Son regard n’exprimait plus de désir.
Il ferma les yeux.
Monsieur Eté, venait de mourir.