De quoi t’as l’air ? Regarde-moi ça comment t’es habillée ! Et puis t’as même pas mis de soutif ? File à ta chambre te changer.
Sandra la rebelle monte sans un mot les marches et s’enferme dans sa chambre en claquant bruyamment la porte. C’est pas le moment de pleurer, et pourtant elle sent les larmes lui mouiller les yeux.
Je la hais, je la hais, je la hais.
Elle s’effondre sur son lit, en proie à de violents hoquets. Mais madame Bonhomme n’est pas une mère qu’on insulte, même à 15 ans, et même quand on est morte de rage. Pas vraiment d’autre solution que de ravaler sa colère. Elle renifle un bon coup, regarde sa montre.
Il sera là dans dix minutes, d’ici là faut que je sois sapée correct et qu’en plus je baratine ma mère histoire qu’elle aille pas s’imaginer des choses.
Elle troque le chemisier déboutonné contre un sweat informe, se débarrasse de la mini et se glisse dans un jean effiloché, détache ses cheveux qu’elle laisse tomber sur les épaules. De toutes façons, avec le casque...
3 minutes plus tard, elle est en bas, bouscule le chien venu quêter une caresse, retrouve sa mère à la cuisine et lui pose un tendre baiser sur la joue.
Ça va, comme ça ? Tu me trouves pas trop... dévergondée ?
Ben t’es pas vraiment jolie non plus. C’est lui qui te ramène ?
Oui, t’inquiète pas, il est prudent. Allez, à ce soir, maman.
Elle n’a pas franchi la porte que le copain en booster arrive au coin de la rue. Elle récupère à côté des poubelles le sac qu’elle avait balancé depuis sa fenêtre, c’est bon, tout y est, le chemisier, la mini, le maquillage, elle est déjà en selle.