Axelle, ma grande
Tu es partie hier sans laisser d’adresse….
Il restait pourtant tant de choses à te dire…
Depuis, la vie est un long silence et demain n’existe plus pour engranger les projets.
Plus qu’il n’y a plus de futur à partager, je creuse un sillon de mémoire,
je fouille dans les armoires pleines du souvenir pour en faire surgir un hologramme qui te ressemble.
La dernière fois que je t’ai vue, tu portais encore ton enfance en bandoulière malgré la gravité qui peu à peu s’infiltrait en toi.
Nous avons en quelques soirées parcouru les sentiers d’autrefois.
Du bébé modèle que j’avais pour la première fois osé porter, caresser, chatouiller pendant que mon ventre grossissait, aux souvenirs pleins d’éclats de rires d’enfants ; nous avons tout égrainé.
Tu as grandi, trop vite à mon goût, et je t’ai retrouvée un jour, malicieuse circonstance, au Nord de la France où j’avais émigré.
Tu venais t’installer quelques temps, juste pour tes études …Tu avais acheté un duffle-coat parce qu’à Lille il devait faire froid ! disais-tu.
Tu n’es jamais repartie complètement, tiraillée entre la chaleur de ta famille et tes réseaux d’amis.
Et puis tu as voyagé, souvent, curieuse des pays et des gens.
Toujours attentive aux autres.
La maladie t’a punaisée comme un papillon, coupant les ailes à tous tes projets, te réduisant à l’instant présent et ça, tu supportais moins encore que les souffrances du corps.
Alors aujourd’hui, quand l’idée de ne plus te voir, jamais, devient intolérable, je me dis que tu es repartie, à ta manière, dans le mouvement de la vie, très loin, derrière la mer.
Tu as laissé derrière toi les herbes folles du souvenir.
J’en ramasserai des brassées.
A toi