Dimanche matin
Réveil en douceur, des bribes de poème en hommage à la paresse me trottent dans la tête.
C’est dimanche, je vais pouvoir le mettre en application.
Grasse matinée dans ma chambre, petit déjeuner sur un plateau, un livre à portée de main. Flemmarder, se prélasser au lit.
Par la fenêtre, j’aperçois les rouge-gorges sur la glycine courant le long du toit de la grange.
Le printemps est là, tout s’active dans le jardin.
Mais, moi j’ai décidé de prendre mon temps. Jusqu’à ce soir, je paresse.
Pas plus d’un quart d’heure pour tout placer autour de moi, et hop je me glisse à nouveau entre les draps. Quel bonheur !
Une heure est passée, lentement. Je somnole, savourant ces instants, égoïstement.
Sans faire de bruit ; il s’est approché du lit. Il s’est assis. Son regard gris bleu est toujours aussi séduisant, je me sens moins égoïste tout à coup, je veux bien partager ce grand lit.
Sa main a effleuré mon bras tendrement, et d’une douce voix il a murmuré :
chérie, ma mère vient de téléphoner, elle arrive pour le déjeuner.
C’est une attaque en traitre ! La guerre est déclarée. Je râle, je peste, tu lui trouves une bonne raison de venir ainsi à l’improviste, je suis folle de rage, tu boudes. Tu es encore assis, et me voilà debout.
Je laisse s’envoler mon rêve de paresse, et nous concluons un accord, une trêve.
J’irai au marché, plats préparés, déjeuner rapide et basta. Toi, tu acceptes de l’emmener au bord de la mer cet après midi.
L’Alfa Roméo est une voiture formidable, sauf pour se garer dans ces petites rues médiévales. La place est exigüe. Bon la galère continue, ou est ce Dieu qui me punit ? La paresse est toujours un péché capital !
Au printemps, le marché voit le retour de nombreux colporteurs saisonniers. En dehors de quelques rares charlatans, ils proposent des produits de qualité et animent la place avec jovialité. En fin de compte, je prends plaisir à faire les courses.
Un boniment clamé d’une voix forte attire mon attention : « mousseron d’avril mousseron gentil, mousseron de mai mousseron mauvais ».
Je m’approche de son étal, et demande tout de go :
un kilo de mousserons de mai, j’ai invité ma belle mère.
Il faudra attendre, ma p’tite dame, on est qu’en avril !
Ristretto 02/04/08