Madame
si je vous appelle Madame c’est parce que vous devez être mariée et vieillissante à ce jour mais souvenez-vous, à l’origine, vous étiez une jeune femme et moi une enfant de huit ans, heureuse d’aller à l’école, de retrouver ses amies, il n’y avait pas de garçon à l’époque et c’était des religieuses qui gouvernaient non l’avion mais notre petit monde.
Tout allait pour le mieux mais voilà, vous êtes arrivée et tout est devenu carnage dans ma vie. C’est vrai que j’écrivais mal et que j’étais dissipée mais était-ce une raison de m’infliger ces tortures au point que mes nuits étaient des cauchemars ?
Vous passiez vos journées à me casser de toutes les façons abjects que vous trouviez, vous m’avez brisé comme du cristal... Je me souviens très bien de vos coups sur mes mains, de vos tirages d’oreilles et de cheveux, mes heures au coin de la salle et s’il n’y avait eu que ça Madame, ce n’était rien mais le reste, vos mots méchants à longueur de journée et seulement pour moi. Aux autres vous leur racontiez de belles histoires. Les autres qui me traitaient de tous les noms à la récré savent-ils que plus de quarante ans après, je pleure encore ? Non Madame, vous ne savez pas .
Mes parents, voyant mon malaise vous ont rendu visite mais, je ne sais pas par quel miracle, vous avez aussi séduit la directrice qui devait passer son temps à se recuieillir pour ne pas voir que vous étiez le diable personnalisé. C’est vrai qu ’elle était agée et qu’elle avait laissé un petit relachement mais quand même, elle aurait du croire mes parents, ce n’était pas des faiseurs d’histoire, ne prenant jamais notre défense lorsqu’on était puni.
Aujourd’hui Madame, ce n’est plus une petite enfant de huit qui vous écrit mais une femme qui a vécu tant de déboires et cela sans boire une goutte d’alcool. Je peux ainsi vous dire que vous faites honte à votre métier qui était de nous enseigner et non nous torturer. A cause de vous ma scolarité n’a pas eu le vol du concorde mais de vieux coucous, montant ou descendant au gré des maitresses d’école.
Si j’avais un jour, l’occasion de vous revoir, je ne vous pendrai pas par les pieds, pour faire circuler le sang, cela n’est pas assez , non moi, je vous tuerai car je vous hais au plus profond de mon cœur.
Voilà, je ne vous envoie pas cette lettre, je me dépêche de la déposer sur la plume pour leur montrer qu’il y a de très bons maitres d’école mais aussi des ordures, je ne retirerai pas le dernier mot.