Depuis un an tu es célibataire. C’est la réponse que tu donnes quand on te pose la question. On te rétorque alors que c’est incompréhensible, tu es mignonne, gentille, tu as un bon travail...blablabla et toi tu ne sais que dire à part c’est comme ça ou c’est la vie.
Tu ne peux pas leur expliquer ce que tu vis réellement, c’est tellement pathétique. Et quand tu essaies d’en parler, toujours la même réponse : laisse tomber ce type, il n’a rien compris, il ne te mérite pas...blablabla. Au fond ils n’ont pas vraiment tort mais tu n’arrives pas à tirer un trait sur lui. Tu l’aimes et tu te détestes.
La différence avec les autres célibataires c’est que tu ne l’es pas vraiment. Toutes sont à la recherche de l’homme de leur vie. Toi, tu es persuadée de l’avoir trouvé. C’est cette évidence, évidente pour toi seule hélas, qui t’empêche de tourner la page. Toutes espèrent le rencontrer et vivent avec cet espoir. Pour toi, " L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir". Alors bien sûr tu te sens en décalage par rapport à elles car tu restes dans cet entre-deux infernal : seule mais aimant quelqu’un...le pire.
Malgré tout, tu es sur le marché des célibataires, alors tu sors, tous les week end, sauf que ta démarche n’est pas la même. Depuis que le temps s’est chargé de faire disparaître ta douleur ou plutôt de t’habituer à vivre avec, tu ne ressens plus rien. Tu n’as plus de cœur. Tu deviens insensible, indolore, inhumaine si bien que ta démarche consiste à te livrer en pâture, à te faire mal car tu l’aimes et tu te détestes.
Tu as raté le grand amour de ta vie. Alors, à quoi bon ? Tout ce chemin parcouru pour en arriver à cette impasse. Quel gâchis ! Tu ressens de la colère. Colère qui se transforme en lassitude puis en destruction la nuit venue. Tu t’accroches à la moindre personne qui s’intéresse à toi. Tu aimerais que quelqu’un te délivre de cet enfer, quelqu’un qui te ferait oublier L d’un coup de baguette magique. Mais tu leur fais peur. Ton attitude qui se résume à " faites de moi ce que vous voulez, j’en ai plus rien à foutre" fait peur.
La nuit, l’alcool et le bruit te permettent d’oublier un instant ton désespoir. Palliatifs à double tranchant car les les lendemains sont moches. Tu erres d’histoires sordides en histoires sordides qui te ramènent inlassablement à lui.