Dites lui que je regrette. Que j’aurais voulu avoir la force de ne pas lui faire mal comme je l’ai fait, que j’aurais voulu qui épargner cette souffrance, que j’aurais voulu tout effacer d’un revers de manche, ses sentiments, ce qui se profilait devant nous, comme on efface un mauvais rêve. Dites lui que... En fait, non, ne lui dites rien.
Allez plutôt vers celui là, au bout, qui rêve d’un monde de tailleurs et de nuisettes. Dites lui, à lui, que je suis désolée des larmes que j’ai versées, que je n’aurais jamais assez de mots pour le remercier de tout ce qu’il fait, de tout ce qu’il est. Dites lui de ne pas m’oublier...
Et si vous lui dites ça, alors vous parlerez aussi à cet amoureux du saumon, ici. Dites lui de se rappeler d’un Noël, dites lui qu’il me manque. Que j’aurais voulu... Je ne sais plus, mais dites lui qu’avant tout et au dessus de tout, je tiens à lui.
Dites lui, à celle qui surveille les plants de ciboulettes, que j’aurais voulu être celle qu’elle admirait, il y a des années. Que je l’aime, du plus profond de mon cœur, oh je vous en prie, ne lui dites qu’une chose mais dites lui que je l’aime !
Dites leurs, aux enfants jouant à la ronde autour du poêle, qu’ils me manquent. Dites leur que je me perd sans leurs regards, que le temps a passé mais que j’ai besoin d’eux à mes côtés. Dites leur que notre chemin n’est pas fini, que la route n’a fait que changer de direction. Que...
Dites lui, au danseur qui virevolte, dites lui ma gratitude, mes doutes, mes espoirs, dites lui le paradis qu’il effleure de ses ailes, dites lui la grâce et l’aube qui s’étire hors de la brume. Dites lui que... Non, en fait, ne lui dites rien.
Dites lui, à celui qui se tient au bord du brise lame, celui qui parle de poésie et de prose comme de passion et de raison, dites lui les sourires qu’il m’apporte, les secrets qu’il m’éclaire, les rires et la complicités, dites lui tout les mercis de la terre qui se bousculent dans ma tête et ne franchiront jamais mes yeux, mais dont je veux croire qu’il les entendra comme un chant d’étoiles.
Dites leur, à ceux qui vivent tournés vers le Canada, dites leur je vous en prie à quel point je suis désolée, à quel point ils me manquent même si je ne sais pas l’avouer, dites leur que je tiens à eux, à elle, à lui, qu’ils ne s’en aillent pas !
Ou non, en fait, ne leur dites rien. Je les aime, et c’est à moi de leur dire...