Il arrive parfois qu’on oublie.
On oublie le temps et les lieux, le pluie et le vent, les sourires, les pleurs, les disputes. On oublie que demain, il faut se lever, qu’après demain il faut travailler, que la semaine prochaine, il faudra avancer. On oublie qu’on est adultes et qu’il faut être forts. On oublie que même les adultes parfois s’écroulent. Que parfois ils pleurent. Que parfois ils hurlent. Que parfois ils meurent.
Je ne sais pas si ces moments là, ces moments où on oublie, je ne sais pas s’ils arrivent parce qu’on a besoin d’oublier ou si on oublie parce qu’ils arrivent. Un peu des deux, peut être. Mais ce n’est pas important, et je ne suis pas très claire.
L’important, c’est surtout qu’ils existent, ces moments. Qu’ils existent pour qu’on respire, qu’ils existent pour que je puisse me nourrir un peu plus de tes yeux, de ton odeur, de ton sourire, m’y noyer jusqu’à l’ivresse, jusqu’à ce que la tête me tourne, que le monde s’efface et qu’enfin, enfin, je puisse oublier.