C’était une petite vieille sans âge, et autant qu’il m’en souvienne, sans famille, ou pour le moins une famille qui avait oublié son existence...
Elle logeait dans une maisonnette aux allures de bergerie, nichait entre la falaise et notre maison de campagne... Je parle de falaise car à cette époque, un mur de roche de 3 m était pour nous comme une falaise, une muraille infranchissable que nous gravissions tant bien que mal afin de dominer notre petit monde d’enfant.
Maria... Je crois que c’était son nom... Je lui apportais, lors de nos séjours dans cette maison des Baronnies, aux pieds des Pyrénées, toutes les revues que nous avions pu rassembler durant notre absence. Je crois qu’elle nous attendait toujours avec beaucoup de plaisir ; elle nous donnait, à mon frère et moi, ces cadeaux que l’on trouvait dans les barils de lessive. Un trésor pour nous qui ne durait que le temps d’un week-end, le temps de le casser ou de le perdre...
Elle aimait sûrement la vie que nous apportions à ses portes, une vie pleine de cris, de chamailleries, et de rires ! Ma mère criait plus fort que nous pour essayer de nous calmer, en nous disant que nous étions trop bruyant pour les oreilles de notre vieille voisine... Des oreilles qui ne perdaient pas une miette du fond sonore de ces épisodes bihebdomadaires !
Et puis elle est partie... rejoindre ces anges à qui elle parlait si souvent, les yeux brillants levés vers le ciel...
elle est partie en nous laissant 8 barils pleins de lessive, mais vide de tout jouet, et la crémaillère de sa cheminée...
J’ai toujours la crémaillère...