Tu n’as pas 60 ans, seulement la moitié. Tu as rêvé trois fois, trois vies, trois possibilités. Elles constituent ton dedans. Le banc ? Le banc retrouvé ? Ou la variation sur le même banc ? Quel sera ton dehors ?
Tu donnerais tout et même plus que tout pour que ce soit le banc. Pourtant ce " tout et même plus que tout" n’annonce rien de bon. Ce banc-là a un goût d’impossible, un goût de quête du Saint Graal, un goût de farce et attrape. Ce banc-là a un arrière goût d’amertume, de chagrin éternel, de vieillesse avant l’heure.
Tu donnerais un peu moins mais tu donnerais quand même pour que ce soit le banc retrouvé. Ce banc-là est plus abordable, plus accessible, moins destructeur, moins voleur. Pourtant il suppose une perte, un deuil et une renaissance. Trois étapes. Trois paliers à franchir. Une sorte de podium à escalader.
Tu viens seulement de fouler la deuxième marche. Ton équilibre est fragile. Cette première foulée t’a fatiguée mais aussi métamorphosée. Tu regardes la première marche. Tu y vois du sang, des larmes, ton ancien visage, une aile de papillon et de la poussière d’étoiles. A force de la fixer tu risques d’y retomber dessus. Plante carnivore n’attendant que toi, se délectant avant l’heure. Cette chute te ferait vivre la variation sur le même banc pour laquelle tu ne donnerais rien mais qui te prendrait tout.