Ce temple, édifié au bout d’une jetée ou sur un radeau de pierre, semble défier l’éternité. Son architecture nous évoque le temple dorique d’Athéna Aphaia à Egine, en Grèce et à la page neuf cent dix-sept du petit Larousse en couleur édition mille neuf cent quatre-vingt.
Un subtil jeu de lumière nous le met en valeur. En haut, à gauche, une lune pâlotte qui semble là pour dire qu’elle existe encore. Une aurore naissante, une source propre au temple, dans laquelle il doit puiser la force pour son voyage à travers le temps, et cette lampe à huile, presque moderne, anachronique.
Le temple est intact, ou presque. La statue, monstre ailé à tête de femme qui, juchée au dessus du fronton, faisait toute sa fierté, est décapitée.
La tête ne gît pas sur le sol, on l’a déposée avec précaution sur le dessus d’une caisse. A-t-on voulu la dérober, s’est-elle, d’elle-même détachée pour fuir tant de vanité. Le temps a-t-il agit ainsi pour stopper net ce voyage à travers les siècles ?
Elle est songeuse, belle et poussiéreuse, la lampe semble lui tenir compagnie, vouloir apporter quelque lumière à sa réflexion. Quatre fleurs fantômes ont poussé ici, comme pour la consoler. Elles semblent agrémentées d’un flot, sont elles le vestige d’un bouquet autrefois florissant ?
Ce tableau est comme une porte ouverte sur un rêve.
Le visage absorbé dans ses pensées ne s’aperçoit pas de notre présence.
Sa réflexion est trop profonde.
C’est peut-être : « Etre ou ne pas être... ».