Minuit me berce.
Attendre tapie au creux de mes draps que la nuit s’avance, s’avance encore, de plus en plus prudemment, comme un voleur furtif et évanescent, insaisissable. Je sais qu’il ne faut pas que je la regarde, qu’il faut que je fasse semblant de ne pas savoir qu’elle est là, alors que chaque pore de ma peau goûte l’entiereté de sa saveur sauvage et farouche.
Et minuit se dévoile, enveloppant de douceur mes frayeurs les plus secrètes. Minuit possède cette qualité rare, particulière, de n’offrir au regard que ce qu’on veut bien lui donner ; j’y vois l’écho de mes peurs, de mes douleurs, de mes joies et surtout, surtout de mes attentes. Au creux de mes cauchemars, il glisse une ombre de douceur ; au firmament de mes rêves, un contrepoint de couleur. Minuit sublime. Minuit intime.
Et quand la nuit est trop froide, quand les étoiles ne murmurent pas, quand la détresse est trop grande, je me recroqueville tout au fond de ma peur ; alors, minuit sourit et me chuchote que, quelque part, tu es en vie.