Arrête d’porter tout l’poids du destin sur ton dos...
J’ai peur qu’il s’écroule sur toi...J’ai peur...
Pourtant ne verse pas de larmes futiles pour moi. N’en verse pas pour les autres, personne ne devrait pleurer pour une autre personne. Personne ne peut pleurer pour un autre, qui toujours est là, en vie, à cinq minutes...
Ca n’en vaut pas la peine.
J’serai toujours là demain, même s’il fait pas plus beau...
Toujours à tes côtés, même dans les plus sombres moments, sais-tu seulement le nombre de fois où je me suis demandé comment tu allais, comment ta vie s’arrangeait ?
Toujours là pour toi, un petit rayon de soleil, une infime étincelle, une main tendue pour te sortir de cet océan d’inconnus, cette noyade qui souvent perdure trop longtemps.
Eteins le tonnerre qui gronde en toi, ma belle Sophie...
Tu déchaînes tes mots sur la feuille blanche, tu verses des larmes en vain, tu arraches les lambeaux de papiers avec la mine de ton crayon, avec la pointe de ton stylo, la pointe qui vint atteindre ton cœur, les pointes trop ajustées...
T’sais qu’on est que du monde, et qu’le monde est petit, tout petit, trop petit, pour tout savoir, pour tout comprendre, beaucoup de choses plus grandes, plus grandes que nous...
Il y aura toujours une part que je te cacherai, et vice-versa. On a toutes deux nos secrets, que même entre cousines on se cache, je ne t’en veux pas tu sais, et je t’en prie, ne m’en veux pas, parce que je ne veux pas te dévoiler toute cette haine qui monte en moi, face à "Elle", ou encore tous ces chagrins qui n’servent à rien...
Mais p’têtre que des fois y a tout simplement rien, rien à comprendre, rien à comprendre...
Il y a de ces moments de nostalgie, tu sais, des petites flèches qui reviennent se planter dans mon cœur, mon cœur qui se tord, ce cœur qui succombe, mon cœur qui se meurt... Tu ne dois pas t’en faire, tu ne dois pas t’inquiéter, ce ne sont que quelques petites flèches.
Accumulées, ça éclate, or c’est cette part de moi que je préfère ne pas t’avouer.
Pourquoi si tôt elle est partie, laissant un chagrin trop gros dans tes yeux, rien à faire du bon Dieu, quand on trouve pas les mots, pour expliquer, pour expliquer...
Quand tu pleures pour elle, notre Granie, on ne peut plus rien y faire, c’est trop tard...
C’est marrant, quand elle était toujours avec Grand-Père, elle était croyante, mais après elle l’a laissé, abandonné, ce bon Dieu.
Heureux qui comme Ulysse, auprès de son arbre, vivra heureuse...
Et l’on y peut rien...
Il n’y a pas qu’eux qui ont rompu, et je ne te connaissais pas encore, je ne t’ai jamais connue, jamais qu’admiré, un exemple, un modèle, une grande cousine. Plus proche que Sarah.
Mais arrête de pleurer, ma belle Sophie, dis-toi qu’il y a un ciel caché sous ton nuage...
Ne verse plus de larmes, pas ce soir, ça n’en vaut pas la peine j’te dis, trop de chagrins, trop de pleurs...
Et que même la peine que tu traînes comme un bagage, n’est pas immortelle, n’est pas immortelle...
Cesse donc, retiens ces larmes, pense aux joies, pense à la joie, pense à eux, à lui, à qui sais-je ?!
...Mais ne pleure pas ce soir, ne pleure pas pour moi...
(Ma belle Sophie - Les Cowboys fringants)