Tu n’aimes pas cette vie nocturne. Le papillon se consume. Pourtant elle t’est nécessaire. Tous ces néons te brûlent. Mais tu as besoin de cette chaleur artificielle, substitut d’une chaleur naturelle qui te manque tant.
Tu sais que c’est mal, que ça te fait mal, que tu te perds mais tu ne peux pas, tu n’arrives pas à faire autre chose, à faire autrement. Tu sais, avant d’aller te griller, que tu auras mal après mais tu y vas quand même.
Tu es droguée. Besoin d’être heureuse même deux minutes. Deux minutes de bonheur contre des heures de souffrance, contre un lendemain qui sera moche, invariablement. C’est ta colère, ton injustice. On fait comme on peut. c’est ta façon d’hurler au secours. Une bouteille vide jetée à la mer. Personne ne t’entend.
Tu avances dans un tunnel sombre. Tu sautes sur ces lumières artificielles, forcément éphémères. Tu les préfères à l’obscurité, synonyme de vide. Tu as peur de te retrouver seule avec toi-même. Tu as peur de n’exister pour personne. Tu remplaces une douleur par une autre capable de te faire illusion, cinq minutes.
Pourtant tu espères toujours qu’une main te sortira de ce tunnel. Tu en fais la demande tout bas, très fort. A qui ? Tu ne sais pas. A un dieu, n’importe lequel. A une force supérieure qui doit bien voir que tu n’es pas quelqu’un de mauvais, que tu as de l’amour à revendre. Tellement d’amour que tu te noies dedans.
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Papillon de nuit
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Voyage au bout de la nuit
Ce soir le papillon n’a plus envie. Il brille toujours à l’extérieur mais l’intérieur s’est obscurci. La nuit qu’il aimait tant l’anéantit, le happe, l’avilit, le détruit. Sursaut de vie.