Stop !
Reposes tes mains sur la table, fermes les yeux et imprègnes-toi de l’odeur acidulée, ouvres les maintenant et contemple le spectacle de toutes ces belles demoiselles laissant percevoir leur chair vive..
N’est-elle pas érotique cette ouverture là ?
Regardes toutes ces couleurs mises là pour te titiller les sens, ces verts céleris, ces blancs nacrés comme des éclats d’oignons, toutes ces nuances de bleus qui enveloppent la chair dedans-dehors, ces jaunes dégradés jusqu’aux orangés... et puis le noir, mis là pour raviver, d’un trait de mystère, toutes ces couleurs et exalter ton envie...
Et la longueur, elle compte ?
Que crois-tu ? Dis-moi ? A ton avis ?
Evidemment ! Elle ne doit être ni trop grosse, ni trop longue, mais ce qui compte, plus que la taille c’est sa texture à la fois dure et moelleuse.
Regardes et humes, vois-tu toute cette suavité et la brillance de ce doux coquillage qui s’offre impudiquement et langoureusement à toi ?
D’un simple coup d’œil on a déjà l’impression de sentir l’onctuosité de ce trésor lorsqu’il glisse sur la langue et s’enfonce dans le fond de la gorge.
Prend ton machin*, pique le au cœur de cette délicatesse luisante, chaude et mouillée, force gentiment le muscle et écarte légèrement les deux valves, soulève délicatement la chair, porte la à tes lèvres, lentement, plus lentement encore, inhale le parfum envoûtant, fruité et épicé, dépose la sur ta langue, roule la en bouche, croque et avale..
On ne s’en lasse pas..
N’est-ce pas ?
Patron !
Un autre moule-frite !
*j’ai eu un trou de mémoire, il s’agit d’une fourchette, non ?
Pour manger les moules : une fois la première dégustée, se servir des deux valves de sa coquille comme d’une pince pour saisir les suivantes. Repérer une grosse moule, séparer les deux parties de la coquille, en glisser une des deux, horizontalement, entre les dents de la fourchette.. C’est fait ?
Bravo ! vous venez de fabriquer une cuiller à moule, il ne vous reste qu’à vous régaler de ce bouillon aux milles parfums (légumes et vin de Moselle).
Voilà la meilleure des 45 manières de préparer les moules et de les déguster avec les doigts (les autres recettes, à la crème, au chicon, au curry,..., sont, pour moi du pur folklore pour touristes). Faites fondre du beurre, ajoutez les oignons jusqu’à ce qu’ils soient transparents (pas blonds), ajoutez le céleri branche (coupé en gros dés), ajoutez si vous le souhaitez, un verre de vin blanc et jetez les moules. N’ajoutez pas d’eau, les moules en "rendent" assez, peu de sel (on ne sait jamais), mais n’hésitez pas sur le poivre blanc (si vous aimez..).
Secouez énergiquement la casserole de bas en haut en opérant un mouvement circulaire d’avant en arrière pour faire passer les moules du dessous-dessus et vice-versa (suis-je clair ?)
Oh ! pardon Loulou, j’avais oublié de préciser : bien entendu n’oubliez pas le couvercle que vous retiendrez avec un essuie de cuisine..
Oui, Oui, j’arrive je vais t’aider à ramasser, juste le temps de donner à mes potes la recette et je suis à toi chouchounova (elle est super).
Pour en revenir aux problèmes de taille que ces demoiselles soulevaient ci-dessus, la taille importe peu... Attention, hein malheureux ! Pas des allumettes non plus ! Que crois-tu !
7 à 8 cm de long sur une ‘section’ de +/- un centimètre carré sera parfait.
Mais, comme je vous le précisais, pour éveiller votre curiosité je vous l’avoue, le secret de bonnes frites ne réside pas là... Mais...?
"Dans la cuisson"
Bravo ! Y en a au moins deux qui suivent !
Elles doivent être moelleuse à l’intérieur et croquante, dorées à l’extérieur.
Choisissez de grosses patates "bintje" ou "nicolas" ou "charlotte", coupez les à la main, rincez,essuyez. Certains préconisent de rincer les pommes de terre, puis de les couper et de les poser sur un linge sans les rincer à nouveau, pour ne pas perdre d’amidon..
Moi je préfère moins d’amidon (une piste à suivre ? voir plus loin).
Pré-cuisez les bâtonnets pendant +/- 5 minutes à 160/170°. En fait dès que les premières frites remontent comptez encore une minute avant de les sortir, de les égoutter et de les déposer sur un papier absorbant, laissez reposer de 15 à 30 minutes.. (c’est long quand on a faim !).
Laissez chauffer la graisse pour la 2e cuisson (180/190°). Lorsqu’elle fume (pas avant, c’est important), jetez les Frites dans la graisse en ayant soin de remuer vivement avec l’écumoire pendant une à deux minutes, le temps de les dorer à souhait.
Egouttez et déposez les dans un plat que vous aurez recouvert de papier absorbant, faites les sauter deux trois fois en l’air, salez, faites à nouveau sauter, servez, dégustez.
Le secret, un des secrets*, est la matière grasse utilisée. Nous on se sert de graisse d’origine animale "le blanc de bœuf", incomparable ! (si vous n’en trouvez pas, une bonne huile d’arachide fait l’affaire, l’important étant de respecter le ‘rythme’ (repos) et le double ‘tempo’ ).
Le moule frite se sert accompagné de vin blanc (le même que vous utilisez pour préparer le plat), ou de bière, bien entendu. Mais n’oubliez jamais, au grand jamais, une ‘clouche’ de mayonnaise et un peu de moutarde...
Et gardez en mémoire la sagesse populaire Bruxelloise : "wijn op bier is plaizir", "bier op wijn is venijn". Si vous buvez ne vous trompez pas de séquence : "le vin sur (après) la bière = du plaisir", "la bière sur le vin = du venin"..
Mesdames et demoiselles : hourraaaaaah c’est un plat diététique ! (ce qui fait grossir c’est la bière hihihi).
PS : * Là vous avez déjà d’excellents frites. Mon secret est ailleurs...
Et si je vous laissait deviner ?
J’offre un moule frite pour trois personnes (moi compris, bien entendu) à celui qui trouve "le" secret..
De passage à Bruxelles, rendez-vous à la Place Jourdan dans le quartier européen pour manger un cornet de frite à la friterie Antoine (ou "fritkot", baraque à frite). Une institution, le NY Times lui a décerné le titre de "meilleures frites du monde". (les bistrots de la place acceptent quasi tous que l’on s’y installe avec son paquet de frite pour y déguster, must du must, une bonne bière et, là, ben le choix est énorme..!).
Pour en finir avec la légende de la "French Fries" !
Il s’agit, fort probablement, d’un malentendu linguistique, le verbe "to french" signifiant en anglais "couper en bâtonnets". Selon l’historien belge Jo Gérard, les frites seraient apparues sur les tables des habitants de Namur, Andenne et Dinant vers la deuxième moitié du 17e siècle. Les habitants peu fortunés de ces villes avaient pour habitude d’y pêcher du menu fretin pour en faire des fritures. Des petits poissons qu’ils auraient finis par remplacer par des morceaux de pomme de terre de la même taille lorsque les périodes hivernales gelaient leurs rivières...
Alors, BB (mais l’invitation vaut évidemment pour chacun), pas une bonne idée ça ? Faire enfin connaissance au milieu de toutes ces demoiselles généreusement offertes ..!