Le vingt août deux mille cinq. Manoir de la famille Sorbier. Premier étage chambre de Daphné du Sorbier.
Une photo du frère gît sur la table de nuit. Je lui jète un regard. Le temps de sentir mon cœur qui souffre et m’en détourne. Mes mouvements froissent les draps mauves. Le lit grince doucement, il est ancien. La grande fenêtre de ma chambre laisse pénétrer l’air frais et doux du matin. Le carillon chinois tinte tristement. Mes yeux se ferment, le nez frissonne. Un parfum envoûtant atteint mes sens. Des roses rouges, sûrement celle du jardin.
Le départ approche. Une chose me tient à cœur malgré ma fuite. Oui une seule, que j’aimerai emporter. Ce dernier instant de calme passé dans la vieille demeure. Allongé dans ma chambre, l’impression de fusion entre la maison et moi court les murs. La présence du grand espace clos se propage dans mon être. Tels les racines d’un arbre qui envahisse la terre.
Et pourtant le temps me rattrapent. Mes belles pensées se fanent déjà, dessèchent et meurent. Comme des fleurs sans eaux ! Partir et quitter. Ses deux mots résonnent affreusement dans ma tête. Le temps m’est compté. Mais pourquoi sa ? J’ouvre les yeux, sur la réalité. Elle gît juste là sur le tapis persan, cette fameuse lettre. Ce pâle morceau de papier irréel. Celui qui a le pourvoir de tout changer.
Il y a deux jours, est arrivée une missive de la V.C, Vlad Corporation. Elle m’invite à passer un entretien dans leur centre, pour le poste d’agent de sécurité. Non seulement je n’ai jamais proposé ma candidature, connaissant ses activités aussi illégales que secrètes. Et comme beaucoup d’autres tueurs de démons, je lui suis totalement hostile.
La V.C se fait passer aux yeux des mortels, pour une grande firme multinationale. Elle possède un nombre faramineux d’entreprises dans divers domaines. Allant des produits de luxes, aux recyclages. Implantée sur tout le globe, pas un pays ne lui échappe.
C’est sans oublier son siège ou trônent les plus puissants vampires de la planète. A travers elle est dirigée le monde des ténèbres ! Rien ne s’y passe sans son accord.
Les autorités sont parfaitement au courant pour les activités illicites de la V.C. Et la cautionne. Ils se reposent totalement sur elle pour faire le sale boulot. Comme cacher à la population l’existence des vampires et autres créatures malfaisantes.
Mais voilà il y a les renégats. C’est ainsi que les vampires nomment, nous autres humains tueurs de démons ne travaillant pas pour la V.C. Sans sa licence nous sommes des rebelles. Nous avons donc un statu de paria. Et tout comme les empaleurs font la chasse aux vampires, les agents de la V.C font la chasse aux renégats. Ils tentent dans recrutés un maximum, dans leurs rangs. Pourquoi sa ? C’est très simple, les gens tel que nous mettent la V.C en péril. Nous sommes les seules armes anti- démons présentes sur terre. Donc soi ils nous contrôlent, soi ils nous tuent.
Jusqu’à aujourd’hui j’avais une bonne couverture. Après la mort de mon frère, mes parents ont changé d’identité, ont recommencé une nouvelle vie. Et moi de mon côté, il y a encore deux ans j’étais introuvable. Vivant dans un monastère au Sud du Laos, avec mon mentor, maître Tahn. L’homme qui m’a tout appris. Mon deuxième père et professeur !
Dernièrement je travaillais à mon compte. Comme chasseur de prime. Pour démons bien sûre. On me contactait à travers une boîte mail sur internet. Sous le nom de la belle dame sans merci. En l’espace de vingt quatre mois j’ai liquidé une dizaine de vampires. Dont seulement quatre étaient sous contrat. Sans compter, le désenvoûtement que j’ai du effectué au Caire lors de mon dernier voyage. Un fantôme tueur avait la sale manie de s’attaquer aux touristes.
En conclusion le dernier vampire sur ma liste que j’ai tué au manoir, chez moi. Devait être un agent de la V.C. Ma mère avait donc raison. Maintenant qu’ils m’ont trouvé, ils risquent de ne pas lâcher prise.
Mes parents ont pu quitter en urgence le pays hier et rejoignent un couvent bénédictin en Espagne. Ils en sont les principaux mécènes. Les moines se feront une joie de les accueillirent Mais surtout aucun vampires ne se risqueraient dans un lieu saint. C’est un énorme soulagement de les savoir en sécurité.
Quant à moi je prends le vole de onze heures direction le Laos. Je n’ai pas prévenu maître Tahn. De toute manière il n’a pas le téléphone. Nous communiquons par courrier. Ma lettre n’arrivera pas avant une quinzaine de jours. Donc je la posterai à mon départ.