Ici également j’ai du être, d’une certaine manière, ’inspiré’ par la manière dont S.Fontanel raconte l’amour.. Mais c’est du vécu, c’est ma rencontre avec Loulou que je conte ici.. (une des Loulous, mais vous savez maintenant ce que ça veut dire dans mon monde à moi)
"Voulez-vous m’accompagner" a-t-elle demandé sans prononcer un seul mot, en lui montrant simplement son ouverture et son envie d’échanger, outre quelques pas, quelques confidences.
Il avait accepté sans réfléchir, ni hésiter, comment refuser pareil sourire, il pris son bras, mis sa main dans la sienne, ses doigts si fins et si fermes à la fois, le pas décidé, la surprise, qu’ils eurent, de découvrir qu’un lien est possible sans qu’il y ait nécessairement domination, séduction, ou toute autre forme d’emprise...
Prudents, l’un et l’autre, ils avaient déjà trop vécu ce genre de situation, de déchirures également, une ligne de conduite commune, implicite, ils savaient pertinemment bien que le jeu de la séduction se réduit, souvent, d’une certaine manière, à la recherche du pouvoir... :
posséder, dominer, se donner, se sacrifier parfois, renoncer, se perdre, ..., avouez... drôle de vocabulaire pour parler d’amour, non ?
Il se disais : "prudence, ne te laisses plus jamais dicter ta conduite, jamais !"
Elle s’était promis : "ne laisse jamais plus personne te dire que tu lui appartiens..."
L’instant d’après, dans les bras l’un de l’autre, sans pourtant aucune équivoque possible, ne pensant plus à rien qu’à la nuit qui se fait plus nuit encore, comme éclairée par deux regards profonds, qui brillent et se rejoignent pour en décupler l’éclat. On dit que l’acte vide la tête et on se rend compte ici que c’est pas tout à fait la vérité : seule la confiance immobile fait vraiment de la place, écarte les préjugés, la morale, et rend les rencontres possible.
Ne faisant rien, après s’être enlacés, ne réfléchissant plus, respectant silencieusement la complicité qui s’installe doucement, lui ne pensant même pas "maintenant je comprend ce que je cherchais depuis tant de temps, cette vie remplie de bagarre, de frustration, de tant d’amour également,..., tout chemin m’a conduit, inexorablement, à ce moment et me permet d’en comprendre toute l’importance, toute la magie, de l’accepter sans plus réfléchir".
Elle ne pensant même pas "c’est important ce qui m’arrive, en tout cas inhabituel, hors du commun, extra - ordinaire ?".
Lui ne pensant même pas "j’aime cette jeune femme, elle va être un bel amour dans ma vie, je n’aurais pas cru cela possible, être choisi, je rêve"
Elle ne pensant même pas "nous ne sommes pas libres, juste deux solitudes qui se croisent au bon moment, dites-moi que c’est bien réel. Attention c’est trop spécial, trop étranger à ma vie"
Ils sont là, rien ne compte plus, peu de pensées, ou si peu que ça ne compte pas vraiment, aucune ‘raison’ pour gâter ce moment unique et fragile, le monde autour d’eux, inévitable, préserver ce qui doit l’être, ne jamais blesser personne, sauvegarder les familles et les habitudes... et pourtant ils sont là, ne pensant à rien dans un jardin au centre du monde...
Quelle somme impossible de hasard faut-il pour que deux personnes supposées ne jamais se rencontrer se retrouvent et se rejoignent ici, au centre de ce jardin, pour que ces cœurs sombres, à l’émotion profonde, n’y croyant plus depuis si longtemps, illuminent cette jeune femme et cet homme au lourd passé...
Quelle destin farceur a accumulé tant de hasard pour créer ce moment où l’un et l’autre prend conscience que l’autre existe et est là, en partie pour lui, peut-être pas dans "la vie", mais dans l’émotion, dans le rêve et "pour la vie". Pour être précis, indépendamment de la durée de cette ‘aventure intérieure’ qu’ils ont décidé muettement de partager, il y a aussi le fait que cette rencontre conditionnera inévitablement leurs vies dans la mesure où ces échanges les feront réfléchir au sens à donner aux choses, feront mûrir leur manière d’aborder et de comprendre ‘la vie’, la leur -séparément- et celle qu’ils se fabriquent à deux, en catimini, dans ce jardin au centre du monde..
Ils seront ensemble, n’en doutez jamais, dans des tas d’endroits, on les verra à Barcelone, Rome et New York, ils poseront devant le Taj Mahal, ils se baigneront dans les sources secrètes du Nil, ils cueilleront de pleines brassées de flamboyants à Bujumbura, il seront partout..!
Partout, où ils iront séparément, mais s’accompagnant en pensée.
Ils seront...
Je vais te dire où nous serons, nous serons heureux si nous décidons de l’être, si nous faisons ce qu’il faut pour l’être, à commencer par se faire confiance l’un à l’autre.
Nous avons tout le temps, à partir de maintenant c’est le début de la patience qui s’impose, ce sera facile d’attendre puisque tout peut maintenant arriver, puisque tu te rapproches de moi, puisque nous nous comprenons déjà d’un simple sourire complice...
Et nos regards se disent
"Je t’aime toi, c’est évident, mais j’aime et je respecte aussi ta famille et c’est pour cela que nous ne franchirons jamais les frontières que nous nous sommes fixées"
Et nos regards répètent :
"Je te désire, c’est évident, mais pas indispensable... et tellement inutile au scénario"
Et là, dans l’immobilité de la nuit, personne ne pense plus, pas même ceci : "cela ne se peut pas, ne pas s’aimer, si nous sommes là, l’amour y est aussi, forcément"
L’amour est là, c’est évident, mais il prend une forme nouvelle, pour sortir deux solitudes du silence et les surprendre de la vie...