Humble hommage à Raymond Devos
C’est moi. C’est encore moi. C’est re moi. C’est toujours moi. Je l’assure, j’en suis sûr, moi.
Tu m’as l’air d’être tout en émoi Raymond.
En émoi ! quel mois ?
Le mois d’août bien sûr.
S’il doute c’est qu’il n’est pas sûr, pour sûr.
Rassure-moi, tu ne serais pas devenu fou ?
Si je suis fou, toi aussi, car moi je suis toi, même si je n’en suis pas sûr.
Non c’est faux, c’est moi qui suis toi.
Arrête de me suivre, alors. Suis toi, toi, et construis-en un. S’il pleut essuie-toi et fais attention aux tuiles. Si elles tombent sur un vitrier tu risques de rompre sa glace à la pistache. Arrête de t’y regarder, tu n’y verras que moi et mon reflet dans le miroir. Les miroirs feraient bien de réfléchir disait Le Poète. Il est mort lui aussi. Il a dû mourir d’un infarctus tant il eut peur d’un klaxonne. Je me souviens, il était miné ce jour là. Il ne cessait de faire Miaou. La mort du klaxonne ou la mort du Poète Poète.
...
Bah ! que se passe-t-il. Tu ne dis plus rien. Tu as un trou ?
Oui j’ai un trou. Je suis vert.
Un trou de mémoire sûrement.
Non un trou de mes mois plutôt. Cela va de soi !
Qui l’a creusé ce trou perdu ?
Je ne m’en rappelle plus. Sûrement un rat avec une pelle. Ou bien peut être est-ce moi.
C’est important de se rappeler, t’en souviens-tu ?
Oui, je m’en souviens. J’aimerai bien que mon public me rappelle avant d’y aller pour toujours.
D’y aller. D’aller où ? Dans ton jardin ?
Non. D’aller dans mon trou au mois d’août et de laisser mon public sans moi.
Il y en aura d’autres après toi.
Je sais mais ils n’auront pas mon talent, pas même Achille. Ils se prendront tous des tuiles.
Tant mieux pour eux, alors. Ne dit-on pas :"Les tuiles rient".
Oui, tu as raison. Je perds la mienne. Quand je la retrouverai, je te prouverai que j’avais raison.
Tu as toujours eu raison Raymond. Faire rire les gens est la meilleure raison de vivre.
Moi j’ai vécu dans un trou perdu. Maintenant je vais dans un pays où tout le monde se connaît. Je vais retrouver Georges, Michel et les autres. Je les ai toujours gardé en moi. Adieu les amis. Ce n’était que moi !
Adieu l’Artiste, sors par l’entrée. C’est par là qu’on y est le plus applaudi. Je sais comme cela te tient à cœur de l’être une dernière fois. Moi je l’ai déjà ma dernière foi, tu ne t’en rappelles pas ? Je te l’ai dit la dernière fois ! La foi en toi et en moi, et en un monde meilleur où tout le monde s’appellerait Raymond. Tu imagines les quiproquos, toi qui en était le maître. Merci Raymond de tes clowneries pittoresques. De tes jeux de mots tu nous rendis le bonheur depuis trop longtemps égaré. Maintenant je connais le chemin du parking, autant que Gustave. Allez, ce coup-ci j’arrête, sinon je pourrais continuer pendant des heures. Les mêmes que celles de l’horloge, dont les aiguilles tournent et retournent afin de nous faire passer le temps qui passait là par hasard. Le temps d’oublier que tu n’es plus parmi nous( re Miaou ! ) et que tu nous manque. Gros poutoux mon Raymond. A bientôt. Je te laisse le dernier mot.
Merci cher Peter. Adieu cher public et merci. Si je vous fis rire de temps en temps, moi, je vous le redis une dernière fois, vous me rendîtes heureux tous les jours que Dieu m’accorda sur terre. Aujourd’hui j’ai lâché prise. Il m’accorda aussi mon accordéon. Pour MOI, accorder les ont, avouez que c’est paradoxal, n’est-ce pas mon cher Zitrone ?
Quand j’en aurai le temps j’irais sur le mont de vos péchés, pour y attraper une truite ou deux Schuberts.
Sur ce, je vous salue vous qui fûtes plein de grâce. Si vous l’êtes toujours, allez vous laver ou faites un régime afin de pouvoir enfiler vôtre pantalon. Futé non ?
Un régime de banane, il faut toujours l’avoir pour rester propre. Je vous donne un dernier conseil tellement j’ai de la classe. Riez, riez encore et toujours, c’est le meilleur des régimes comme le dit si bien Régine. Moi, maintenant je n’ai plus de problèmes de poids, je n’ai plus besoin de soulever des altères. De toutes façons ce n’est pas bon pour l’Ego et de plus je n’ai plus soif ni faim. Je vous laisse sur la vôtre. Voilà c’est fini, tout est dit mes amis, je n’ai plus rien a rajouter. C’était le tristement heureux mot de la fin.
RaymondDevos.com
Peter Pan. L’Eternel Enfant.