Baudelaire – « Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière. »
Elyse - « Ma Muse je t’implore fais cesser mon tourment
Je cherche les mots vrais afin qu’ils correspondent
Aux sentiments subtils qui dans mon âme sondent
Les désirs du passé, mais cette phrase ment. »
Baudelaire - « Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ;
J’unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris. »
Elyse- « J’aurai pourtant aimé que tu me fasses signe
Mais tu volais trop haut pour là m’apercevoir
Comment puis-je espérer un seul jour t’émouvoir
Tant cette mutité me rend vraiment indigne »
Baudelaire- « Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j’ai l’air d’emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d’austères études ; »
Elyse- Apprenant longuement les règles les plus rudes
J’ai biffé très souvent la phrase qui nous ment
Et j’ai passé des nuits ivre de lassitudes
Baudelaire- « Car j’ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles ! »
Elyse- « Nous empruntons alors tes doux regards aimants
Pour que naissent enfin malgré qu’ils soient rebelles
Les mots miraculeux battant soudain des ailes. »