A la fenêtre, pendant la nuit
V.HUGO Les étoiles, points d’or, percent les branches noires ;
Le flot huileux et lourd décompose ses moires
Sur l’océan blêmi ;
Les nuages ont l’air d’oiseaux prenant la fuite ;
Par moments le vent parle, et dit des mots sans suite,
Comme un homme endormi.
ELYSE Sous la brise qui mord, mon cyprès se recourbe,
Et vient frapper le mur le souillant de la bourbe,
Que les ans ont collé
Dans les nids désertés, des oiseaux de passage,
Car pas un seul moineau ne fit le remplissage
Du gîte désolé
V.HUGO Tout s’en va. La nature est l’urne mal fermée.
La tempête est écume et la flamme est fumée.
Rien n’est, hors du moment,
L’homme n’a rien qu’il prenne, et qu’il tienne, et qu’il garde.
Il tombe heure par heure, et, ruine, il regarde
Le monde, écroulement.
ELYSE Nous partirons tout nus, sans emporter les choses
Qu’on avait amassé, sous peine de psychoses
Mais se révéleront
D’insignifiants biens au jour du grand voyage,
Car tous nos héritiers, ayant maigre avantage,
Sûrement les vendront.
V.HUGO L ’astre est-il le point fixe en ce mouvant problème ?
Ce ciel que nous voyons fut-il toujours le même ?
Le sera-t-il toujours ?
L’homme a-t-il sur son front des clartés éternelles ?
Et verra-t-il toujours les mêmes sentinelles
Monter aux mêmes tours ?
ELYSE Personne ne revient du néant qui entraîne
Chaque être bien pensant, fait d’amour et de haine,
Mais simplement mortel.
L’arbre a beau s’élever, la pierre sembler dure,
Même rose au buisson, et l’eau coulant si pure
Sont dans ce carrousel.