Connaissez-vous mon lit
Connaissez-vous mon lit
C’est mon ami et il rie
Car il sait ce que je lui dis
Chaque soir, chaque midi
Le soir toujours il m’attend
Il n’a pas d’heure pourtant
Pour m’accueillir, me serrant
Au fond d’un drap me caressant
Me sent-il à peine fatigué !
Qu’il me tend sa parure feutrée
Il se laisse tendrement tenter
Enveloppe mon repos trop distrait
Il est le confident de mes nuits
Écoute mes prières au dieu converti
Celui que je rejette de ma vie impie
Et son silence apaise mes folies
Au lever du matin il grince fébrile
De me voir prêt d’oublier le péril
Ne pas lui laisser le temps subtil
D’une pause méritée mais trop futile
Avant de le quitter je le frappe
Modeste massage de sa grappe
Quand ses doux ressorts clappent
Et geignent meurtris à sa varappe
J’aurai bien des regrets demain
Quand usé par les ans défunts
Une dernière fois de ma main
Je ne lui chanterai plus mon refrain.
On se quittera alors trop meurtri
Lui partira mourir à la déchetterie servile
Moi j’attendrai là sage cet instant futile
Où j’irai le rejoindre au tas de nos atomes réunis