Ma maîtresse la lune
Assis et recueilli sur ce banc public, attentif
Aux derniers passants, ces noctambules
J’attends très patient, l’éclat de ma vie
Déjà l’horizon enflammé au vestibule
Couvre sur le jour son manteau furtif
Ma solitude accompagne, douce et tendre
Ce nouveau silence parfumé du jour effacé
Les frêles squelettes bétonnés s’activent
Dans les dernières raies de soleil cassé
Et la laiteuse noirceur me prend au ventre
Tu t’élèves de ce fond d’un invisible gouffre
Je m’émerveille de tes premiers faisceaux
Ils jaillissent lumineux sur la grande plaine
Et ta chaleur traque ma quiète âme au lasso
Il est alors, mes yeux fripons enfin ne souffrent
Ta présence nocturne, toi ma maîtresse la lune
Gage ma béatitude en cette précieuse nuit
Quand tu te dévoiles, claire figure mystérieuse
Et que le mascara de tes formes flatteuses me fuit
Sous les toiles abandonnées des jeunes brumes
Voilà le temps cyclique de ta parfaite rondeur
Tu jaillis conquérante au visage de ma terre
Bouleverse les maladifs esprits maléfiques
Ravage les rivages de ces hautes marées fières
Mais tu m’offres clémente un bonheur ravageur
Tu me portes rêveur sur ton voyage stellaire
Qui m’amène au là bas de frontières insensées
Où une chimère lucide, toujours renouvelée
Me décrit affective, un stupéfiant sourire exalté
D’une vie merveilleuse, au sage paradis lunaire
Quand à l’heure tu descends de ton haut piédestal
Je te suis, mais soudain bifurquent nos deux pistes
J’ouvre mes yeux malins pour espérer déjà le demain
Pour me trouver adopté au tombé de ton assidu orbite
Et profiter noble au faste de ton explosif couché sidéral
?