... Bien sûr, tu voudrais te dire que ce n’est qu’une passade. Ou du moins y croire. Qu’il n’y aura pas de conséquences. Tu te dis qu’il faut que tu profites. Tu ne sais pas comment faire. Tu n’as jamais essayé de vivre au jour le jour. Tu voudrais te dire que tu ne te feras pas de mal. Que tu ne me feras pas de mal. Mais moi je sais bien que tu vas me faire mal.
Tu sais, je m’en fiche, de tout ça. Je me fiche de partir, je me fiche de ce bonheur si court qui nous est offert, si court qu’on n’aura que le temps de le vivre avant de se rendre compte qu’il est passé. Je m’en fiche, de souffrir. J’ai déjà eu mal, tu sais.
Ce que je veux, c’est être heureuse.
Qui sait ce que vaut le bonheur ? Qui sait ce que vaut le moment où on abandonne la carapace qu’on s’est forgée pour se risquer au dehors, sentir le vent sur notre visage, le vent du changement ? Tu as besoin de changement, tu me dis. Je crois que tu n’est pas conscient toi même d’à quel point c’est vrai.
Rappelle toi. Rappelle toi de ce moment où nos lèvres, pour la première fois, se sont trouvées. Pour un jeu. On s’est cognés, et tu t’es moqué de moi. Rappelle toi, ensuite, quand nous nous sommes accordés. Est ce que toi aussi, tu aurais voulu ne pas rompre ce contact fragile, maladroit ? Moi je n’osais pas espérer. Alors j’ai suivi le jeu, fait semblant que l’alcool m’ôtait toutes mes facultés, et évité ton regard parce que j’avais peur de ne pas pouvoir me retenir de te prendre dans mes bras.
Rappelle toi. Rappelle toi du moment où tu m’as embrassée. Sans jeu. Sans pari. Presque par hasard. Est ce que tu as senti mon cœur faire un bond ? Qui sait ce que vaut l’instant où les amants se rejoignent pour la première fois ?
Je ne veux pas te parler d’amour.
Je veux que tu oublies que dans un mois, je m’en vais. Je veux que tu oublies qu’avant, on parlait de temps ; je veux que tu te rappelles de ton envie d’arrêter le temps qui passe. Je veux que tu l’oublies, ce temps qui passe. Je veux cadenasser ta raison, ta logique et ta peur dans une toute petite boite, que j’emporterais avec moi pour la jeter dans l’océan et ne laisser dans ton cœur que l’appel ténu et un peu fou de ce bonheur éphémère.
Ce que je veux, c’est être heureuse.
Être heureuse avec toi.
Te voir sourire.
Te serrer dans mes bras.
Très fort.
Sans me cacher.
Ou même en me cachant.
Je m’en fiche.
Que vaut l’instant où l’on abandonne nos défenses pour la promesse mêlée de bonheur et de souffrance ? Que vaut l’instant où l’on décide de prendre le risque ? Que vaut l’instant où l’on choisit de vivre ?
Je ne veux pas te parler d’amour.
Je ne veux pas te parler de promesses.
Je ne veux pas te parler de demain.
Que vaut l’instant où l’éternité glisse entre tes doigts ?