Là, devant moi, sont réunis ensemble, dans une assiette, une pomme, une orange et des clémentines. Rien de plus banal.
Mais laissez-moi vous raconter l’histoire d’une corbeille de fruit la veille de Noël ...
Les uns sur les autres, les camarades fruits doivent se supporter et ainsi réaliser un défi dans l’usine de Noël. Il faut savoir que depuis longtemps les oranges et les clémentines ne peuvent pas se supporter. Mais, en ayant accepter une prime exceptionnel, ils doivent se coltiner des collègues indésirables.
Gaston, la grosse orange, situé au-dessus de l’édifice, est plutôt bien favorisé.
Les clémentines, ouvrières syndiquées et non bénévoles, ne peuvent pas accepter leurs positions, et ne veulent pas aussi se taire ...
" Au diable les heures supplémentaires, la cadence infernale et les couches sociales, nous voulons, nous aussi, être mieux considéré ! Pourquoi nous avoir positionné en dessous de Gaston ? On doit déjà le supporter tous les jours mais aujourd’hui s’en est trop ... "
Véronique, la bonne pomme de service, voudrait bien que tout le monde soit d’accord : ils ont tous signé, c’est vrai, une prime d’effort.
" Nous les clémentines, nous ne voulons pas être pris pour des pommes ! "
Gaston l’orange lui fait la sourde oreille afin d’éviter de tomber et de perdre son statut privilégié. Dés lors, c’est la fin de la trêve, la grève sera votée. Le cocktail était trop explosif ...
Et c’est depuis ce temps-là que l’on ne distribue plus de corbeille de fruit à Noël.
Afin de réconcilier les employés de l’usine, le patron, avocat de père et fils, avait décidé de proposer une journée portes ouvertes la veille de Noël.
Le jour venu, enfants et parents du potager et du verger voisins sont venus de bonne heure pour découvrir l’entreprise, mais aussi parce qu’il y avait une dégustation gratuite des produits de l’usine, soi-disant bons pour la santé.
Ce matin-là, de multiples odeurs et parfums envahissent les couloirs. Des rumeurs de mécontentement aussi.
Ce que le patron n’avait pas dit aux salariés, c’est que la préparation de cette journée tombait mal et leur avait demandé des heures supplémentaires non-payées ...
" Nous, les clémentines, on ne nous demande pas notre avis, mais plutôt des efforts sans carotte au bout, et c’est pas normal ! On ne nous avait pas dit que nous allions déguster !. Regardez Gaston l’orange, il n’a pas vraiment l’air pressé lui de nous aider aujourd’hui ? ".
" Ne comptez pas sur lui, coupe Véronique, la bonne pomme, il n’a pas le moral, il n’est pas dans son assiette ... Essayons s’il vous plait, de favoriser les échanges et le dialogue afin de bien finir cette agréable journée ...".
" Nous, les clémentines, on veut bien discuter sur les 35 heures, nos RTT et notre pouvoir d’achat ... Et puis lui, l’orange, veut-il bien nous échanger sa place et enfin se serrer la ceinture ? ".
Ce soir-là, dans l’usine, nous voulions tous croire en la paix sociale, l’harmonie entre les fruits et au Père Noël ...