Je suis le petit livre bleu celui que l’on feuillette oublieux
Dans un rayon obscur j’installe ma présence
La bibliothèque me traite en objet non désiré
J’ai régné jadis tel un sultan sur un harem de regards
On me pressait de conter des légendes surannées
Obséquieux on m’entourait de pensées pathétiques
Je contais, les heures déclamaient leur présence insupportable
Le jour suffisant me rappelait aux ordres du LEVANT
Je pressentis ma déchéance car les enfants me boudaient
Je les aguichais en paradant dans la bibliothèque recluse
On m’ignorait superbement je sus la cause de ma perte
Un auteur fameux avait gravi les marches des lettres
A l’heure où je vous parle je songe à ma retraite
Dans une maison paisible au bord du Rhin indolent
Je vivrai une vieillesse soumise aux rites du temps
Je m’adonnerai enfin à la lecture des fables d’antan
Raymonde verney