Laissez-moi vous conter l’histoire, à peine remaniée,
D’un roi de basse bretagne, aujourd’hui oublié.
Il vécut en des temps anciens, forts reculés,
Marc’h était son nom, voici sa destrnée :
L’homme aimait la chasse et la traque du gibier,
Il poursuivit longtemps une biche apeurée
Lacha plusieurs flèches, sans jamais la toucher,
Mais la forçat enfin, aux roches de Tréoultré.
Croyant l’affaire faîte, la course achevée,
Il descendit de son grand destrier,
sortit son couteau, allait l’achever,
Quand de sous la peau du cervidé
Sortit une jeune fille paraissant énervée.
Je suis Dahut dit-elle, de l’océan suis née,
J’ai rang de princesse et tu m’a défié.
La vengeance sera mienne, ainsi ai-je décidé :
Des oreilles de ton cheval, tu seras affublé.
La sentence à peine prononcée fut pleinement exécutée
Et le roi dut cacher cette triste vérité.
Ainsi fut-il fait et pour de longues années,
Rien ne transpira, tout fut bien gardé.
Il fut dit dans les campagnes, mais à voix chuchotée :
femme qui partage sa couche au matin est emmenée.
Nul n’en trouve trace, elle disparaît à jamais.
Il en est ainsi chaque jour de l’année.
Pourtant, un homme sait. Le roi lui a confié.
Chaque matin il le voit et le rase. Il est son barbier.
Un secret si lourd pousse à s’en libérer.
Au vent et aux roseaux le secret fut crié.
Grande fête au château fut un jour décidée
De cornouailles ou d’ailleurs les plus grands furent conviés.
Un musicien était là, il était admiré,
Comme un grand pen soner était considéré.
Pour que le son éclate, que la musique fasse danser
Il ordonna à tous ses sonneurs : "que les anches soient changées"
Et comme il est de bon usage dans l’art de bien sonner,
Dans de jeunes roseaux les sifflets furent taillés
Faut-il vous conter la suite ? vous l’avez, je pense, deviné.
Quand les sonneurs du bagad ont commencé à jouer
Binious et bombardes ont à l’unisson résonnés :
Le roi Marc’h a les oreilles d’un équidé