Un jour passant par un village,
Quelque passant ayant l’air sage,
M’adressa ces paroles tristes,
« Je suis Guthor, fils de Bregist,
Désespoir profond sur mon âme,
Trente pièces d’or le troll réclame,
Sans cela, cruel châtiment,
Il dévorera mon enfant ! »
« Trente je ne peux te donner,
Mais à ma ceinture pend l’épée,
Avec laquelle tua mon père,
Le sinistre et cruel Böhndèr ! »
« Böhndèr, ne serait-ce pas lui,
Que l’on disait de par Loki,
Posséder la brutalité,
D’une douzaine de guerriers ? »
« Tu ne te trompes point, Guthor,
Cet être vil fut mis à mort,
Par le tranchant de cette lame,
Que l’on appelle « Sombre Flamme »,
Epée runique de combat,
Comme jamais plus tu n’en verras,
Je la dispose à ton service,
Pour de ce monde chasser le vice ! »
« Vous acceptez donc de traquer,
Ce troll infecte et le tuer,
Mais quelle est donc la raison,
De votre brusque compassion ? »
« Compassion ? Je n’en ai aucune,
En ce matin, j’ai lu les runes,
Disant que ton enfant est fille,
Et que celle-ci serait jolie ! »
« Jolie est qualifiant léger,
Pour présenter tant de beauté,
On dit de ma fille qu’elle est belle,
Comme le retour de l’hirondelle,
Que ses contours sont si gracieux,
Qu’elle rendrait folle d’amour un dieu,
Mais je m’éloigne de la question,
Et je ne sais point la raison ? »
« La raison n’est pas compliquée,
Je cherche une fille à marier,
Une femme digne de moi,
Qui descendance m’assurera ! »
« Ma fille n’est pas à donner,
A n’importe quel étranger,
Son mari, elle choisira,
Et je ne pense pas que toi... »
« Peu m’importe ce que tu penses,
Ta fille entre les ongles rances,
Du troll répugnant je la laisse,
Si tu ne me fais pas promesse,
Qu’après l’avoir du troll sauvé,
En mariage elle me soit donnée,
Et qu’avec moi vole la belle,
Dans mon navire à travers ciel. »
« Vous êtes bien cruel, seigneur,
Mais, et cela malgré mes pleurs,
Obligé suis-je de vous faire,
Promesse à cause de ma misère ! »
Et sur ce, me voilà parti,
A travers forêts et prairies,
Trois jours de marche me menèrent,
Dans de sombres boyaux sous terre,
La où vivait la sombre bête,
Dont les mains larges comme trois têtes,
Tenaient un énorme os pointu,
« Avance un pas et je te tues ! »
« Je ne peux mourir aujourd’hui,
Car dans les runes il est écrit,
Que la fille j’épouserai,
Et que le troll je tuerai ! »
Le monstre se jeta sur moi,
Mais ne fit pas plus de trois pas,
Avant de tomber transpercé,
Par le tranchant de mon épée.
De la caverne je sorti,
Emmenant avec moi la fille,
A laquelle je racontais,
Que les runes nous destinaient,
A êtres époux dans la soirée,
Et je tentais de l’embrasser,
Mais la fille prise de peur,
Ma lame enfonça dans mon cœur,
Le sang s’écoula de mon corps,
Et en un souffle je fus mort,
Non pas que je me sois trompé,
Cependant j’avais oublié,
Que les runes de sang tracées,
N’expriment que ce qui devrait,
Et non ce qui va arriver,
Je m’en souviens désormais...