Il cache sa noirceur d’un voile de satin
Il s’est bien déguisé, le loup du genre humain
Il a mis sur son nez un vieux masque de fête
Il a saoulé les cœurs et fait tourner les têtes,
Il sait manier les mots et chanter les musiques,
L’esclavagisme économique.
Pour mieux nous enchaîner il nous a endetté,
Il nous a ficelé d’un tas de saletés,
Des besoins qu’il nous crée, des besoins qu’il sécrète
Comme un poulpe visqueux en sa bauge secrète
Il a un air bonasse, un abord sympathique,
L’esclavagisme économique
Pauvre esclave enchaîné se trainant à genoux
Sous un fardeau de riens, sous un fardeau de sous,
Jette tout ça au feu et redeviens un homme.
Tu n’as aucun besoin de tout cela en somme.
Tu n’as aucun besoin de gadgets enfantins
Pour boire un verre d’eau, manger un bout de pain.
A quoi cela sert-il d’aller toujours plus vite ?
La vie, cela n’est pas une course poursuite...
On n’a pas une prime à la fin de ses jours
En fonction du compteur et du nombre de tours !
Un minimum vital, manger, boire, dormir,
Se chauffer en hiver, se loger, se vêtir,
Et le reste n’est qu’un perchoir à girouettes,
Un sac de poudre aux yeux, miroir à alouettes,
Une invention de plus pour que certains goujats
Se fassent, sur nos peaux, de l’argent et du gras !
S’il existe du beau, du vrai, du magnifique,
Le bonheur, malheureux, n’est pas économique.
Le bonheur, mon ami, n’est jamais dans l’argent,
Regarde les banquiers. Aucun n’a l’air content.
Les magnats d’industrie sont des bêtes de somme,
Gais comme des vautours avec des têtes d’homme,
Accumulant des sous pour en faire encore plus !
Au lieu de méditer au son de l’angélus.
Et ces bagnards d’argent voudraient, c’est délétère,
Nous faire tous ramer sur la même galère !
A leur service, à eux, grands chefs et timoniers
De forçats tous pliés sous le joug des deniers.
Car pour faire cela, ce labeur imbécile,
Ils ont besoin de mains, de main d’œuvre servile,
De cerveaux avilis, bien creux, qu’on a bourré
De notions bien mûries par la publicité,
De goûts bien frelatés, d’envies de toutes sortes
Afin que les marchés puissent ouvrir leurs portes.
Le grand mot est lâché, nous sommes un marché,
Esclaves, oui bien sûr, mais qu’il faut démarcher !!
Pour les biens, un marché, pour l’argent, un marché,
Pour le bonheur, la vie, les enfants, un marché...
Et voilà maintenant qu’en plus on nous dépèce
Pour pouvoir augmenter leurs avoirs en espèce..
Et voilà mainteanat qu’en plus on nous endette
Pour pouvoir nous jeter dans des prisons pour dettes !
Pauvre monde pourri, jette tout ça au feu,
Je crois que désormais, on a dégoûté Dieu.
Nulle part il n’y a un quelconque refuge
Et nous sommes bien mûrs pour un autre Déluge...
Pour mieux nous ficeler, il a mondialisé
Nos goûts et nos besoins. Il a marchandisé.
Il a fait de nous tous un marché de devises
Un troupeau sans idée, n’ayant qu’une hantise
Acheter toujours plus des bonheurs mécaniques,
L’esclavagisme économique
Il s’en est revenu sous un air doucereux
Il s’en est revenu des temps moyennageux
Sous ses airs patelins de luxe et de progrès...
Mais il est là pourtant. Degré après degré,
Il nous mangera tous ce vieil antipathique :
L’esclavagisme économique.